Les carcinomes rénaux à cellules claires (ccRCC) représentent la majorité des cancers du rein de l'adulte. Ils ont la propriété d'être immunogéniques : ils sont reconnus par le système immunitaire du patient qui met alors en place une réponse immune contre la tumeur.
À ce titre, une attention particulière a été accordée à l'optimisation des thérapies basées sur les points de contrôle immunitaires ou « checkpoints ». Ces checkpoints correspondent à des interactions moléculaires entre un ligand présent sur la cellule tumorale et un récepteur présent sur une cellule immunitaire. Cette interaction a pour conséquence l'inhibition fonctionnelle de la cellule immunitaire, bloquant ainsi la réponse immune anti-tumorale. Malgré l'efficacité clinique de certains inhibiteurs de ces « checkpoints » (i.e., anticorps anti-checkpoint) pour traiter les ccRCC, de nombreux patients ne répondent pas au traitement, suggérant que des mécanismes immunosuppresseurs non encore décrits, coexisteraient au sein des tumeurs et de leur microenvironnement. Dans ce contexte, l'objectif de cette étude a été d'identifier des nouveaux « checkpoints » exprimés spécifiquement dans les ccRCC et qui pourraient constituer des nouvelles cibles thérapeutiques.
L'approche adoptée par les chercheurs du SRHI en collaboration avec le laboratoire MICS (CentraleSupélec, Université Paris Saclay), a consisté à coupler des méthodes statistiques avancées pour analyser des données transcriptomiques présentes dans la base de données TCGA1 (The Cancer Genome Atlas Program), et une validation biologique en utilisant des méthodes d'immunohistochimie et de cytométrie en flux. Les résultats ont permis d'identifier et classer quarante-quatre checkpoints exprimés dans des échantillons de ccRCC, certains d'entre eux n'ayant jamais été décrits auparavant. La méthode récursive a permis d'identifier les protéines HLA-G et PD-L1 comme les « checkpoints » les plus pertinents. Par conséquent, cibler HLA-G soit de manière concomitante soit en cas de non-réponse aux anti-PD1 / PD-L1, serait une stratégie thérapeutique potentielle.
Ces données soulignent l'importance d'élargir les cibles thérapeutiques pour traiter les ccRCC afin de définir des immunothérapies anticancéreuses plus efficaces et personnalisées.
1 : The Cancer Genome Atlas, TCGA (i.e., l'Atlas
du génome du cancer) est un projet qui fut lancé en 2005 pour cataloguer les
mutations génétiques responsables du cancer en utilisant le séquençage
génomique et la bio-informatique. Ce projet est supervisé par le Centre de
génomique du cancer de l'Institut national du cancer (NIH/NCI) et l'Institut
national de recherche sur le génome humain (NIH/NHGRI), financé par le gouvernement
américain.