Lorsqu'un cancer se développe, certaines cellules immunitaires qui devraient normalement éliminer les cellules tumorales ne remplissent plus leur fonction. Elles sont en effet leurrées par les cellules tumorales qui « bloquent » un checkpoint chargé de les activer. Ainsi par exemple, dans le cas du checkpoint PD1/PDL1, les cellules tumorales expriment une protéine (PDL1) qui inactive un récepteur (PD1) présent à la surface des cellules immunitaires.
Le traitement par immunothérapie de certains cancers cible le checkpoint PD1/PDL1 : des anticorps anti-PD1/anti-PDL1 permettent aux cellules immunitaires d'être activées. Cependant certains patients ne répondent pas à ce traitement. C'est pourquoi les chercheurs s'intéressent à d'autres checkpoints immunitaires.
Des chercheurs du SRHI étudient depuis plusieurs années « l'antigène du complexe majeur d'histocompatibilité » (HLA-G) impliqué dans la tolérance fœto-maternelle. Cette protéine n'est exprimée dans un organisme sain que pendant la grossesse à la surface des cellules placentaires mais elle peut l'être également à la surface de certaines cellules tumorales. Ses effets immunosuppresseurs, déclenchés via son interaction avec les récepteurs ILT2/ILT4 présents à la surface des cellules immunitaires, pourraient expliquer la résistance aux immunothérapies actuelles. De plus, selon une étude précédente du SRHI, l'utilisation d'un anticorps anti-HLA-G dans un modèle préclinique murin permet de restaurer une réponse anti-tumorale.
Les scientifiques ont étudié l'impact de l'expression tumorale de HLA-G sur les lymphocytes T infiltrant la tumeur, chez des patients atteints de carcinome rénal à cellules claires. Ils montrent que ces lymphocytes exprimant à leur surface la protéine CD8 (lymphocytes T CD8+) ou CD4 (lymphocytes T CD4+) expriment également le récepteur ILT2 avec lequel interagit HLA-G. De façon intéressante, les patients ayant des lymphocytes T CD4+ ILT2+ au sein de la tumeur, en présentent moins en périphérie, témoignant ainsi d'une accumulation préférentielle de ces cellules dans le tissu tumoral. De plus, les lymphocytes T CD4+ ILT2 expriment des marqueurs cytotoxiques habituellement retrouvés chez les lymphocytes T cytotoxiques impliqués dans l'apoptose des cellules cibles. Au contact de la molécule HLA-G, il est démontré que ces lymphocytes perdent leur activité cytolytique, activité restaurée grâce au blocage de l'interaction HLA-G/ILT2.
Il existe donc à l'intérieur de la tumeur un réservoir de cellules immunitaires « tueuses » qu'il reste à « réveiller ».
Cette étude ouvre ainsi la voie à la mise en place d'une nouvelle alternative thérapeutique pour le traitement des tumeurs HLA-G+.