L'infection par le VIH nécessite la prise d'un traitement antirétroviral à vie pour empêcher la multiplication du virus dans l'organisme. Cependant, certaines personnes identifiées comme des « contrôleurs post-traitement » ont pu interrompre leur traitement tout en maintenant une charge virale indétectable durant de nombreuses années. Une précédente étude, celle de la cohorte Visconti des instituts Pasteur et Cochin sur trente patients contrôleurs post-traitement, avait apporté la preuve de concept d'un état de rémission possible et durable (jusqu'à 20 ans dans certains cas) des personnes vivant avec le VIH. Aujourd'hui, les chercheurs sont parvenus à le démontrer grâce à l'expertise préclinique du CEA-Jacob. Ils ont notamment pu identifier une fenêtre d'opportunité de traitement pour favoriser cette rémission : lorsque le traitement est initié quatre semaines après l'infection, le virus peut être contrôlé sur le long terme suite à l'arrêt d'un traitement antirétroviral.
Pour cette nouvelle étude, les scientifiques ont utilisé un modèle primate non humain d'infection par le SIV (virus d'immunodéficience simienne qui récapitule les paramètres principaux de l'infection chez l'humain). Ce modèle leur a permis de maîtriser tous les paramètres (sexe, âge, génétique, souche du virus, etc.) susceptibles d'impacter le développement des réponses immunitaires et la progression de la maladie. Ils ont donc comparé les animaux qui ont reçu deux ans de traitement, soit peu de temps après l'infection (en phase aigüe), plusieurs mois après l'infection (en phase chronique) ou sans traitement.
Dépister et traiter au plus tôt l'infection
Et les résultats sont sans équivoque et reproductibles. Ils confirment l'intérêt du dépistage précoce du VIH et d'une prise en charge la plus rapide possible. « Un début de traitement six mois après l'infection, délai qui montre une perte d'efficacité dans notre étude, est déjà considéré comme très court par rapport à ce qui se passe en clinique actuellement, où la plupart des personnes avec VIH démarrent leur traitement des années après l'infection à cause du dépistage trop tardif, » constate Roger Le Grand, directeur du département Idmit du CEA-Jacob.
Par ailleurs, les scientifiques montrent que le traitement précoce favorise la mise en place d'une réponse immune efficace contre le virus. En effet, les cellules immunitaires acquièrent une mémoire efficace contre le virus, pour l'éliminer naturellement lors du rebond viral après arrêt du traitement. De plus, le traitement précoce présente un double intérêt : au niveau individuel car la diversification du virus au sein de l'organisme est empêchée et la réponse immunitaire est optimisée ; au niveau collectif puisqu'il évite la possibilité de transmettre le virus à d'autres personnes.