n° 04 - mars 2015 -
CEAbio
ainsi que le CEA acquiert une expertise sur
le VIH et le prion. Depuis, les recherches sur
ces deux agents pathogènes se poursuivent
au sein de l’Institut des maladies émergentes
et thérapies innovantes du CEA (CEA-IMETI),
notamment au Service d’immuno-virologie
(SIV) et au Service d’étude des prions et des
infections atypiques (SEPIA).
Aujourd’hui, le CEA-IMETI, ainsi que les
Instituts de biologie et de technologies de
Saclay (CEA-IBITECS) et de biologie environ-
nementale et de biotechnologies (CEA-IBEB),
mènent des recherches concernant des mala-
dies aussi diverses qu’Ebola, le chikungunya,
la grippe, la dengue, la tuberculose multirésis-
tante... Le lancement du programme NRBC-E
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a renforcé leur implication dans le domaine
des pathologies émergentes. Les chercheurs
s’appuient sur des outils et des compétences
spécifiques : imagerie, laboratoires de haute
sécurité de niveau 3, capacités d’hébergement
et aptitude à développer des modèles animaux
tant pour l’étude des interactions hôte-patho-
gène que pour la validation préclinique de
vaccins et thérapies. La « culture » propre du
CEA (habitudes des partenariats extérieurs, de
la recherche préclinique collaborative, de la
gestion de programme, de la valorisation) joue
également. C’est pour toutes ces raisons qu’en
2006, lors de l’épidémie de chikungunya à la
multirésistance aux antibiotiques et de la forte
prévalence du sida. Ce dernier, en s’attaquant
au système immunitaire des personnes conta-
minées, a en effet accéléré l’émergence ou la
réémergence de plusieurs maladies.
Comment le CEA en est-il venu à s’intéresser
à ces pathologies ? L’histoire commence dans
les années 1980. Un laboratoire
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du centre CEA
de Fontenay-aux-Roses mène des recherches
sur l’effet des rayonnements ionisants contre
lesquels le prion, responsable d’encéphalopa-
thies spongiformes (maladies de Creutzfeldt-
Jacob, de la vache folle, tremblante du mou-
ton...), se révèle extrêmement résistant. À ce
titre, celui-ci constitue pour les chercheurs du
CEA un modèle pour étudier les mécanismes
de radiorésistance. La nature du prion étant
alors inconnue, l’une des hypothèses est qu’il
pourrait être un rétrovirus. Pour étudier ce type
de virus, le laboratoire se rapproche de l’Insti-
tut Pasteur qui travaille au même moment sur
un rétrovirus à peine découvert : le VIH. C’est
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GRAND ANGLE
1
Accédez au réseau d’excellence NeuroPrion
en scannant le flashcode ci-dessous.
En 1996, il est prouvé que le prion,
qui jusque-là n’affectait que le bétail,
peut se transmettre à l’Homme :
il devient dès lors l’agent d’une
épidémie potentielle. Le service
de Pharmacologie et Immuno-
analyse du CEA à Saclay, dirigé par
Jacques Grassi, se tourne alors vers
l’unité de Dominique Dormont,
qui étudie le prion, avec une
proposition simple : lui apporter sa
connaissance des tests de dépistage
immunologique pour développer un
kit de détection rapide du prion. Tout
avance très vite et, lorsqu’en 1998
l’Union européenne lance un appel
d’offres, le CEA est en mesure de
répondre avec un test qui sera validé
en 1999. Commercialisé par Bio-Rad,
le test a été l’un de ceux qui s’est le
plus vendu au plan mondial. Cette
aventure a débouché sur la création
du réseau d’excellence européen
NeuroPrion
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, coordonné par le CEA
et disposant d’une plateforme sur son
centre de Fontenay-aux-Roses.
Prion,
la naissance
d’un test
Un laboratoire de sécurité biologique
de niveau 3 (L3) permet de protéger
l’expérimentateur et l’environnement
des risques induits par la manipulation
d’agents biologiques pouvant provoquer
une maladie grave pour l’Homme et
constituer un danger sérieux pour
les travailleurs. L3 de l’IBITECS.
© L. Godart/CEA
Simulation numérique du
dépliement de la protéine prion.
© CEA