CEABIO N°3 - Les sciences du vivant au CEA - page 8

Non pathogènes, les virus géants détiennent
plus d’un millier de gènes, contre quelques
dizaines chez des virus « classiques », tels que
ceux de la rhinite ou du Sida.
© Gaël McGill & Campbell Strong, Digizyme Inc./
06
GRAND ANGLE
n° 03 - novembre 2014 -
CEAbio
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avec le CEA-IRTSV, en a très récemment mis
au jour trois nouveaux dont la particule virale
présente une morphologie totalement atypique
en forme d’amphore :
Pandoravirus salinus
,
venant des côtes chiliennes,
Pandoravirus
Des géants vus par
le bout des protéines
l y a 10 ans, un tout nouveau genre de
virus était découvert : les virus géants.
Géants par leur taille, mais aussi par
leur complexité génétique hors normes : de
l’ordre du micron pour plus d’un millier de
gènes. À titre de comparaison, les virus de la
grippe ou du sida ne mesurent que quelques
centaines de nanomètres et ne renferment
qu’une dizaine de gènes. Les virus géants
révolutionnaient alors nos connaissances en
biologie en formant un chaînon manquant
entre le monde viral et le monde cellulaire.
Au fil des ans, leur famille s’est agrandie. Après
Mimivirus
et
Megavirus chilensis
, l’équipe
dirigée par Chantal Abergel et Jean-Michel
Claverie (laboratoire « Information génomique
et structurale », CNRS/AMU), en collaboration
I
MICROBIOLOGIE
D’une taille de l’ordre du micron,
les virus géants peuvent être
observées en microscopie
optique. Ici de gauche à droite :
pithovirus, pandoravirus et
mimivirus.
© IGS/UMR7256/CNRS-AMU
dulcis
, déniché dans une mare d’eau douce
à Melbourne (Australie) et
Pithovirus sibe-
ricum
, trouvé dans un échantillon de sol gelé
de Sibérie et vieux de 30 000 ans.
Les familles se multiplient
À chaque nouvelle découverte, l’équipe EDyP
du CEA-IRTSV a conduit des analyses protéo-
miques pilotées par Yohann Couté, sur les
particules virales. Pour les
Pandoravirus
, celles-
ci ont montré que seul un infime pourcentage
(6%) des protéines codées par les 2500 gènes
de
Pandoravirus salinus
ressemble à des
protéines déjà répertoriées chez d’autres virus
ou des organismes cellulaires. En revanche,
elles peuvent bien toutes être prédites à partir
de la séquence du génome viral : les
Pandora-
virus
utilisent donc le code génétique universel
commun à tous les organismes vivants sur notre
planète. Quant à la particule de
Pithovirus
,
pourtant très ressemblante d’un point de vue
morphologique à celles des
Pandoravirus
, elle
ne partage que quelques protéines avec celle-ci.
Pour les chercheurs, cela ne fait aucun doute :
les virus géants connus aujourd’hui forment
déjà trois familles distinctes, les
Megaviridae
,
les
Pandoraviridae
et les
Pithoviridae
. Et il ne
pourrait s’agir là que d’un début !
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