CEABIO N°3 - Les sciences du vivant au CEA - page 7

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GRAND ANGLE
une vingtaine de protéines urinaires suscep-
tibles d’être des biomarqueurs d’une tumeur
de la vessie. Ils viennent aussi d’identifier
une protéine particulièrement abondante
dans certains lymphomes, qui peut servir de
diagnostic mais aussi de pronostic et de cible
thérapeutique. Cette découverte a fait l’objet
d’un dépôt de brevet européen.
Une règle de trois
La technique PSAQ™ (
Protein Standard
Absolute Quantification
) mise au point dans
cette même équipe offre de belles perspectives
dans la recherche de nouveaux biomarqueurs.
Elle permet, dans un échantillon biologique, de
mesurer avec une grande précision la quantité
de différentes formes de protéines.
«Pour doser
une protéine, sa version « alourdie » à l’aide
d’
isotopes
*
stables de carbone ou d’azote
est fabriquée,
décrit Virginie Brun.
Puis elle
est introduite en une quantité prédéfinie dans
l’échantillon, alors analysée dans le spectro-
mètre de masse. »
Le rapport des signaux émis
par les protéines normale (qu’on cherche à
doser) et alourdie (dont on connait la quantité)
est aussi celui de leurs quantités respectives.
Le calcul du dosage de la protéine d’intérêt est
facile, une simple règle de trois suffit.
Évaluer des traitements
Cette technique, objet d’un transfert vers
la startup « Promise Advanced Proteomics », a
d’abord été testée avec succès sur des patients
victimes d’infarctus du myocarde, en mesurant
la troponine
1
dans le sang. Ensuite, un travail
de bénédictins a commencé pour les cher-
cheurs.
«Nous sommes partis d’un constat :
lorsqu’une maladie se développe ou que des
toxiques agissent dans l’organisme, certaines
cellules s’autodétruisent, relarguant une partie
de leur contenu dans le sang»
, explique Virginie
Brun. Reste à identifier les molécules ainsi
relarguées, et parmi elles, les plus caractéris-
tiques des cellules touchées. Les chercheurs
ont fouillé des bases de données « omiques »,
décrivant avec précision les composants
moléculaires de nombreux tissus et cellules.
Ils ont ainsi repéré 9 protéines, biomarqueurs
potentiels de la « souffrance des cellules » du
foie.
«Grâce à la technique PSAQ, sept d’entre
elles ont bien été décelées dans le sang de
patients ayant subi un surdosage de paracé-
tamol, très hépatotoxique »
, révèle Virginie
Brun. La probabilité est forte de pouvoir
également détecter ces protéines chez des
patients souffrant d’hépatites virales aigües.
Les chercheurs souhaitent maintenant identi-
fier, en collaboration avec le CHU de Grenoble,
des biomarqueurs d’hépatites métaboliques,
maladies liées à une surcharge graisseuse du
foie. Objectif : prédire les épisodes aigus de
l’affection et vérifier si les traitements sont
efficaces.
1
La troponine est une protéine spécifique du muscle
cardiaque. L’élévation de sa quantité dans le sang est
recherchée lors d’infarctus du myocarde.
Des indics dans la cellule…
Isotopes
Formes d’un même élément chimique ayant
des masses différentes.
Découpe
d’une bande de gel
d’électrophorèse
pouvant contenir
d’une à plusieurs
centaines
de protéines.
© F. Rhodes/CEA
CEAbio
- n° 03 - novembre 2014
itamines, oligo-éléments, hormones…,
les biomarqueurs sont des paramètres
biologiques donnant des indications
sur l’état de santé d’un patient. Parmi eux,
les protéines tiennent une place de choix.
La protéomique a donc naturellement investi
ce champ de la recherche médicale.
«Grâce
à elle, nous pouvons améliorer l’analyse de
biomarqueurs déjà connus ou en trouver de
nouveaux»
, indique Virginie Brun, chercheuse
au CEA-IRSTV au sein de l’équipe EDyP.
« La spectrométrie de masse nous a ainsi
permis d’améliorer le dosage des toxines du
staphylocoque doré en distinguant les diffé-
rentes formes de ses protéines, ce que ne sont
pas capables de faire les tests anticorps»
. Autre
exemple : l’équipe EDyP et ses partenaires du
projet européen «DECanBio » ont découvert
V
BIOMARQUEURS
Représentation
en ruban d’une
chaîne protéique.
© X. Mattei, A. Dessen/IBS
1,2,3,4,5,6 8,9,10,11,12,13,14,15,16
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