Du passé au futur

PERSPECTIVES


Rassembler les points de vue



Par Lucile Beck, Philippe Dillmann et Karine Froment

(CEA - CNRS)

  • cea clefs

Ce numéro a permis de montrer que le CEA tient une place clef et spécifique dans le paysage national et international des recherches pour l’histoire, l’archéologie et le patrimoine, mais également dans le domaine de la conservation-restauration des matériaux organiques en archéologie et en sculpture.

Le CEA a su accompagner l’évolution du domaine de recherche qui questionne, depuis déjà de longues années, avec les meilleures méthodes de la physique et de la chimie, la matière qui nous est parvenue du passé. Cette matière est un fil, un contact ténu entre la réalité de ce passé (comme l’écrit Etienne Klein en introduction) et la nôtre, et nous permet de l’entrevoir, comme les ombres sur les murs de la caverne de Platon.

Dans cette démarche générale, le CEA possède la force de ses moyens analytiques et de ses plateformes (qui bénéficient d’une longue expérience dans le domaine), mettant au service des sciences leurs progrès technologiques (tomographie, synchrotrons, irradiations, spectromètres de masse etc.). Ces progrès et ces techniques ne seraient cependant que de peu d’utilité (ou relèveraient de l’anecdote) s’ils n’avaient su s’intégrer de manière fortement interdisciplinaire dans les approches archéologiques et historiques. Ainsi aujourd’hui, les laboratoires du CEA, en collaboration toujours plus étroite avec ceux des autres institutions (CNRS, ministère de la Culture…), adoptent les démarches globales qui font qu’on n’analyse plus aujourd’hui un objet archéologique, une sculpture, un tableau, un monument, comme on le faisait au milieu, voire à la fin du siècle dernier, et qu’on restaure avec des techniques et une déontologie différentes : les collaborations mutuelles entre les sciences dites exactes et les sciences humaines permettent désormais d’accéder à une meilleure compréhension globale, qui remet la matérialité de l’objet au centre de son contexte et de son histoire.

Pour cette raison, les développements méthodologiques et analytiques ne peuvent pas être efficaces s’ils sont déconnectés de toute réalité. Au contraire, comme nous l’avons vu dans les nombreux exemples de ce numéro, ils doivent être mis au point et adaptés en symbiose avec une compréhension globale des systèmes étudiés qui sont notamment hétérogènes à différentes échelles. Dans ce cadre épistémologique, qu’il s’agisse de comprendre les sociétés anciennes, les processus d’altération des objets ou de mettre au point les modes de protection, les enjeux sont multiples :

Le défi majeur pour l’avenir de l’ensemble de cette communauté est de continuer à faire progresser notre connaissance scientifique du patrimoine matériel et culturel, en rassemblant tous les points de vue, scientifiques et historiques. n


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