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L’art pariétal préhistorique
Connaître les civilisations anciennes
NOUVELLES APPLICATIONS
Exposition « Musiques ! Échos de l’Antiquité, un voyage passionnant à la découverte des musiques de l’Antiquité » au Louvre-Lens en 2017-2018 - © Louvre-Lens et © Anne Chauvet - Louvre-Lens
Dans le royaume angkorien (IXe‐XVe siècles après J.‐C.), l'usage du fer recouvre de multiples fonctions. Ce métal était, par exemple, un élément indispensable pour bâtir... Comme outil pour sculpter le grès mais aussi comme crampon pour assembler les éléments de pierre structurant les temples. Etudier la provenance et la datation des objets en fer utilisés au sein de l'empire khmer, grâce aux approches développées par le Laboratoire archéomatériaux et prévision de l'altération (LAPA), offre une opportunité unique de comprendre à la fois les procédés de fabrication des métaux ferreux mis en œuvre à l'époque mais également la façon dont ils étaient échangés et utilisés.
Depuis 2014, et dans le cadre du projet IRANGKOR [1][1] Stéphanie Leroy dirige le projet international IRANGKOR, première étude de grande ampleur menée sur la production et les réseaux de distribution du fer khmer dans le but de fournir un éclairage nouveau sur les échanges économiques et technologiques au sein de l'empire (IXe‐XV e siècles, Angkor, Cambodge). Cette recherche est menée en collaboration avec l'Université d'Illinois à Chicago, l'Ecole Française d’Extrême-Orient, le LMC14 et l'Université de Sydney., le LAPA étudie des échantillons prélevés sur une sélection statistique d'objets en fer (crampons, outils, armes, armatures en fer) retrouvés sur les sites archéologiques angkoriens, plus particulièrement les crampons mis au jour dans les édifices architecturaux à Angkor, capitale de l’empire khmer.
L’étude de la structure du métal et de la composition des inclusions non-métalliques a permis d’éclairer les paramètres techniques liés aux gestes propres à la fabrication de cet objet et de mieux cerner l’usage qui en est fait dans l’architecture khmère aux différentes époques [2][2] Hendrickson, M. et Leroy, S. Accepté. Sparks and Needles: Investigating state expansion through the Complexity Economics framework at Angkor, Cambodia (9th to 13th centuries CE). Journal of Anthropological Archaeology.. Grâce aux études de provenance, une partie des chaussées royales qui étaient empruntées entre le début du XIe siècle et la fin du XIIe siècle pour le transport du fer, depuis les sites de production vers la capitale, ont été identifiées [3][3] Leroy, S., Hendrickson, M., Bauvais, S., Blanchet, T., Disser, A., Vega, E., 2017. The ties that bind: archaeometallurgical typology of architectural crampons as a method for reconstructing the iron economy of Angkor, Cambodia (tenth to thirteenth c.). Archaeol Anthropol Sci. DOI 10.1007/s12520‐017‐0524‐3.
Enfin, la datation directe du métal est un nouvel outil qui, combiné aux informations historiques disponibles, apporte des données supplémentaires pour « revisiter » la datation de ces temples et leur attribution aux différents rois bâtisseurs. Cette approche a ainsi permis de proposer la date du début du XIe siècle au lieu du milieu du XIe (règne d’Udayadityavarman II, 1050-1066) pour la construction du temple du Baphuon, ce qui repose la question du commanditaire de cette œuvre cruciale dans l’histoire de l’empire khmer [4][4] Leroy, S., Hendrickson, M., Delqué‐Kolic, E., Vega, E., Dillmann, P., 2015. Construction and Modification of the Baphuon Temple Mountain in Angkor, Cambodia. PLOS ONE 10(11): e0141052. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0141052. n
Prélèvement d’un échantillon d’une armature en fer au sein d’un objet en bronze (crochet de litière, NMC ga. 4745, Musée National du Cambodge, Phnom Penh) - © S. Leroy.
Logements de crampons identifiées dans la structure du temple du Baphuon (XIe s.) à Angkor lors du chantier de restauration du temple par l’École Française d’Extrême-Orient - © S. Leroy.
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À l’heure où paraît ce numéro de Clefs CEA, il est difficile de ne pas faire un rapprochement entre certaines des recherches qui y sont présentées et celles qui pourraient être menées pour accompagner la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Les laboratoires du CEA sont impliqués, avec d’autres, dans l’association des chercheurs pour la restauration de Notre-Dame. Celle-ci, en collaboration étroite avec une task-force du CNRS se donne pour objectif d'aider et de conseiller les autorités en charge de cette mission.
La recherche autour de Notre-Dame se déroulera en plusieurs temps. Elle viendra à la suite des mesures d’urgence qui concernent le génie civil et les actions de la police scientifique. Pour la phase suivante, celle de la restauration, les connaissances déjà acquises par certaines équipes de scientifiques sur les matériaux anciens et la numérisation du bâtiment seront d’une très grande utilité.
Dans un troisième temps, de nombreuses recherches scientifiques pourront encore être réalisées sur les matériaux (pierre, mortier, bois, métaux - plomb et fer, verre) qui auront été épargnés par l’incendie et même sur ceux qui auront été partiellement altérés. Nombre des méthodes citées dans ce numéro seront mises en œuvre. L’altération de la pierre pourra être étudiée, afin de comprendre les processus de l’impact thermique mais également pour servir de référentiel. Il est également possible de collecter des informations historiques comme dater les bois calcinés, en repérer les essences, les gestes techniques des charpentiers, interroger la provenance des métaux et de les dater, déterminer les types de mortier etc.
Autant de recherches qui pourront être réalisées dans le futur sur des matériaux qui sont actuellement scrupuleusement collectés selon des protocoles adaptés et des méthodologies archéologiques spécialement développées pour l’occasion et basées sur la longue expérience de terrain de la Direction régionale des affaires culturelles et des laboratoires du ministère de la Culture qui sont amenés à gérer les premières interventions sur le chantier. n
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