Le système hématopoïétique est connu pour être l'un des
systèmes les plus radiosensibles. L’effet des faibles doses d’irradiation délivrées lors de séances de
radiothérapie sur ce système étant encore inconnu, il est donc primordial d’en
étudier les conséquences.
Des chercheurs du laboratoire LSHL ont montré que
l’exposition à de faibles doses d’irradiation (FDRI) entraîne une perte de
fonction des cellules souches hématopoïétiques (CSH) humaines. Ces cellules, résidentes dans la moelle
osseuse, sont à l’origine de toutes les cellules sanguines. Elles ont la
capacité de s’auto-renouveler permettant de conserver un stock constant
disponible.
Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont utilisé des
CSH humaines, isolées à partir de sang de cordon ombilical. Ces cellules ont
été exposé à une faible dose (0.02 Gy) et une forte dose (2,5 Gy) de radiations
émises par une source Cobalt. Les propriétés fonctionnelles des cellules ont
été évaluées par différents tests in vitro (dont la génération de colonies
cellulaires) et in vivo (greffe dans des souris immunodéficientes). Réalisés en
série, ces tests permettent de tester à la fois les capacités de différenciation
et d’auto-renouvellement des CSH humaines.
Il a été montré que les CSH irradiées à 0.02 Gy perdent
certaines de leurs propriétés fonctionnelles à long-terme, en particulier la
capacité à générer des colonies secondaires in vitro ou de reconstitution
hématopoïétique dans le modèle d’étude in vivo. Aucune altération de l’ADN ou
d’induction de mort cellulaire n’ont été observées. Toutefois, une augmentation
des espèces réactives de l’oxygène (ROS) et l’activation de la voie de
signalisation p38MAPK, connues pour être impliquées dans le maintien des
propriétés « souches » des CSH, sont mises en évidence dans les CSH immédiatement
après irradiation. Pour montrer que l’axe ROS-p38MAPK est bien responsable des
effets observés, les CSH ont été traitées soit avec des antioxydants, soit avec
des inhibiteurs de la voie p38MAPK avant exposition aux FDRI. L’inhibition de
cet axe permet bien de bloquer l’effet des FDIR sur les propriétés
fonctionnelles à long-terme des CSH humaines.
Ces résultats montrent qu’une irradiation à faibles doses de
cellules souches hématopoïétiques provoque des effets à long-terme sur la
capacité des cellules à s’auto-renouveler, dus en partie à une augmentation des
ROS.
Une prise en charge lors d’examens médicaux ou de thérapies impliquant des
rayonnements, combinant l’utilisation d’antioxydants ou d’inhibiteurs de la
voie p38MAPK, peut s’avérer nécessaire pour préserver le système
hématopoïétique.