Depuis 2010, des équipes de recherche, notamment le Service des Thérapies Innovantes (STI) de l’Institut de biologie François Jacob ont montré qu’il est possible de traiter par thérapie génique des patients atteints de formes sévères de bêta-thalassémie et de drépanocytose, deux maladies héréditaires du sang dues à un défaut du gène bêta de l’hémoglobine. Bien que très encourageants, ces premiers succès concernent les individus pour lesquels un nombre suffisant de cellules cibles sont corrigées par le vecteur thérapeutique qui contient une version fonctionnelle du gène bêta de l’hémoglobine.
Rappelons que les cellules cibles de cette thérapie sont les cellules souches du sang, dites hématopoïétiques (CSH) localisées dans la moelle osseuse. Or, l’équipe du STI dirigée par Emmanuel Payen a montré que la correction par le vecteur thérapeutique varie selon les CSH. L’existence d’une telle variation limite l’efficacité de la stratégie. Il se peut par ailleurs qu’un trop grand nombre de copies du vecteur se retrouve dans une même cellule, ce qui augmente la fréquence d’insertion du gène à des endroits inappropriés du génome et donc le risque de génotoxicité.
L’équipe d’Emmanuel Payen a donc amélioré le vecteur thérapeutique de manière à conférer un avantage sélectif aux CSH corrigées et à limiter le nombre de copies du vecteur par CSH génétiquement modifiées. Les chercheurs ont vérifié in vitro qu’il est possible d’obtenir 100% de cellules génétiquement modifiées par une à deux copies de vecteur. Ils ont ensuite confirmé in vivo, chez des souris auxquelles ont été injectées les cellules corrigées, le fort potentiel de sélection des CSH.
D’une manière générale et en plus de ces propriétés nouvelles, ce vecteur de deuxième génération est produit de façon efficace et présente des qualités comparables à celles du vecteur initial (efficacité de transfert de gènes, durée du protocole, niveau d’expression du gène thérapeutique…). Les produits de sélection ayant déjà une autorisation de mise sur le marché, les conditions sont réunies pour que le vecteur soit rapidement utilisé en clinique. Avant d’être testé chez des personnes atteintes de forme sévères de bêta-thalassémie ou de drépanocytose, des études toxicologiques seront tout de même nécessaires.