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GRAND ANGLE
n° 01 - mars 2014 -
CEAbio
e groupe Structure et activité des gly-
cosamine-glycanes (Sagag) est un cas
à part à l’IBS. Au lieu d’étudier des
protéines, il se consacre aux polysaccharides,
des chaînes de sucres notoirement difficiles à
produire et à caractériser. Pourquoi ? «
Parce
que leur fonction est de fixer de très nombreuses
protéines dont ils régulent l’activité : c’est un
l’IBS, un groupe entier se consacre
aux métalloprotéines. Et pour
cause : ces enzymes, dont le site
actif contient des atomes métalliques, cata-
lysent des réactions extrêmement puissantes,
uniques dans le monde vivant. «
On a repéré
plus de 48000 gènes de l’une d’elles dans des
génomes connus, catalysant environ 70 réac-
tions différentes
» explique Yvain Nicolet,
chercheur du groupe. Ces molécules étant
extrêmement sensibles à la présence d’oxy-
gène, toute leur étude est réalisée dans des
enceintes spéciales.
En partant d’un gène trouvé dans un orga-
nisme intéressant (résistant à des conditions
phénomène “universel’’ compris récemment
»
répond Hugues Lortat-Jacob, responsable du
groupe.
Il s’intéresse en particulier à l’héparane
sulfate (HS), omniprésent à la surface des cel-
lules, et décrit comment celui-ci intervient lors
de la première adhésion du VIH à des cellules.
Le groupe a développé des inhibiteurs, qui, en
se fixant sur le virus à la place des HS, bloquent
cette adhésion. L’un de ces inhibiteurs est en
test au centre CEA de Fontenay-aux-Roses.
Pour étudier ces polysaccharides, le groupe
a adapté des méthodes existantes (RMN, chro-
matographie...) et développé des compétences
particulières. Il a notamment mis en place
une plateforme de mesures des interactions
protéines-sucres basées sur la
résonnance
plasmonique de surface
*
. «
Les chercheurs
viennent nous voir de loin pour cette compé-
tence
» souligne le biologiste.
de vie extrêmes, ou à des pathogènes), le
groupe produit la protéine, la caractérise et
essaie de comprendre son fonctionnement.
«
C’est un “nouveau monde”, un domaine où il
reste beaucoup de choses à découvrir
» souligne
le chercheur. Le but est d’adapter l’enzyme
à un besoin précis, par exemple la synthèse
de nouveaux antibiotiques. Cette «
biologie de
synthèse
» est un objectif pour le groupe, qui
travaille actuellement sur une meilleure com-
préhension de ces enzymes elles-mêmes.
Sucres : les liaisons dangereuses
Métalloprotéines :
puissantes et fragiles
MÉCANISMES INFECTIEUX
BIOTECHNOLOGIES
Plateforme de Résonnance magnétique
nucléaire (RMN) de l’IBS. À droite,
introduction d’un échantillon biologique
dans une cuve à RMN.
© CEA /
Protéine de l’enveloppe du VIH
(en vert), en complexe avec un
fragment d’héparane sulfate.
© H. Lortat-Jacob/IBS
L
À
Préparation de cristaux de
métalloprotéines en enceintes sans
oxygène à l’IBS.
© CEA /
©Y. Nicolet/IBS
Résonnance plasmonique de surface
Variation de l’indice de réfraction d’un rayon
lumineux lors de l’interaction protéines-sucres
sur une surface métallique, qui permet de
mesurer cette liaison.