Les astrocytes, cellules gliales majoritaires du cerveau, sont
maintenant reconnus comme des acteurs importants de l’activité cérébrale, bien
que les mécanismes sous-jacents soient encore mal compris. Le travail coordonné
par un laboratoire du Collège de France et associant des chercheurs du CEA-I2BM,
à MIRCen, démontre que la connexine 30, une protéine astrocytaire
abondante qui forme classiquement des canaux entre cellules, contrôle
l’activité excitatrice cérébrale et la mémoire. En l’absence de cette
protéine, les astrocytes changent de forme et sont capables, tels des pieuvres,
d’envoyer des tentacules qui s’insèrent littéralement dans la fente des synapses
pour capter à la source le glutamate libéré, et le détourner de sa cible finale,
les neurones. Ce rôle de la connexine est non conventionnel puisqu’il est
indépendant de sa fonction de canal, et dépend d’une partie intracellulaire de
la molécule, qui régule directement l’adhésion et la migration des cellules.
Ce rôle de la connexine 30 dans le contrôle de l’activité excitatrice
cérébrale a été mis en évidence notamment en exploitant des vecteurs viraux
développés à MIRCen (exprimant différentes formes de la connexine 30). Ce
résultat ouvre de nombreuses perspectives, et permet notamment d’envisager la
connexine 30 comme une nouvelle cible thérapeutique potentielle pour
augmenter la mémoire ou diminuer les crises chez les patients épileptiques.
Ce travail multidisciplinaire incluant électrophysiologie, imagerie,
biologie moléculaire et modélisation mathématique, apporte une dimension
inattendue aux mécanismes gliaux de régulation de l’activité cérébrale.
Image composite montrant des astrocytes d’hippocampe (en rouge) exprimant une protéine verte après transfert de gène viral. Les vecteurs viraux ont été développés à MIRCen. (©) CEA