La règle des 3R est fondée sur 3 principes :
Remplacer (Replace)
Il s’agit de développer et de mettre en œuvre, dès que cela est possible, des méthodes substitutives ou complémentaires à l’utilisation des animaux, autrement dit des méthodes in vitro et in silico. Les chercheurs n’intègrent des animaux dans leurs protocoles de recherche que pour des questions bien précises pour lesquelles les autres méthodes s’avèrent insuffisantes.
Les recherches
in vitro sont utilisées en routine au CEA. Aujourd’hui, les modèles utilisés sont de plus en plus complexes et précis et permettent, par exemple, à partir de cellules souches,
d’obtenir des ébauches d’organes qualifiés d’organoïdes (des organoïdes d’intestin, d’estomac, de pancréas, de cerveau, de prostate, de poumon, de rétine, de rein, de tissu mammaire, de foie). L’Institut CEA-Jacob à Fontenay-aux-Roses travaille sur le sujet. Mais ces méthodes donnent des résultats à l’échelle des cellules, des tissus voire des organoïdes et ne permettent pas encore, à ce jour, d’étudier la complexité d’un organisme.
Sur l'écran, rendu 3D des neurones dans un organoïde cérébral à l'aide d'un microscope à feuillet de lumière. © © R. Guittet / CEA
Les équipes du CEA ont aussi recours aux méthodes
in silico qui permettent de simuler numériquement le fonctionnement d’organes, voire les interactions entre divers organes. Ces méthodes requièrent l’exploitation de quantités massives de données qui sont recueillies à partir d’études sur des organismes vivants. Les outils de simulation actuellement disponibles ne donnent pas une vision globale du fonctionnement d’un organe, encore moins d’un organisme entier. Mais ces techniques progressent et le CEA conjugue son savoir-faire en biologie et dans les nouvelles technologies pour que ces solutions se développent de plus en plus.
Réduire (Reduce)
Le second principe vise à restreindre le nombre d’animaux au strict minimum dans un projet scientifique qui ne peut pas faire autrement que d’y recourir. Grâce à des calculs statistiques de puissance, il est possible de rationaliser les nombres optimaux d’animaux à intégrer dans les études pour obtenir des résultats significatifs.
Appareil d'imagerie par résonnance magnétique 7 Teslas. La recherche en cancérologie passe par des recherches en imagerie cérébrale par IRM sur le petit animal. © P.Stroppa / CEA
Le CEA a également fortement contribué à développer les outils d’imagerie non invasifs et indolores tels que l’IRM. L’apport de l’imagerie a permis des avancées significatives en matière de bien-être animal et de réduction des animaux utilisés. Il est par exemple possible de faire du suivi de pathologies neurodégénératives, inflammatoires ou cancéreuses sur le long terme sur un même animal, là où des analyses séquentielles de lots d’animaux étaient nécessaires auparavant.
Raffiner (Refine)
Le troisième principe vise à diminuer les contraintes imposées aux animaux et améliorer leur bien-être. Le raffinement (terme technique synonyme d’amélioration) concerne les conditions d’hébergement mais surtout la prise en charge de la contrainte que les animaux subissent au cours des procédures expérimentales – notamment les mesures mises en place pour éviter la douleur ou la réduire au maximum.
Eviter de faire souffrir les animaux est non seulement un principe éthique mais aussi une condition de réussite des études menées (le stress et la souffrance sont autant de biais qui peuvent fausser les études).
Une structure chargée du bien-être animal (SBEA) est systématiquement présente dans les animaleries et les laboratoires du CEA. Elle donne son avis sur les dispositifs expérimentaux à proprement parler pour que le bien-être des animaux soit pris en compte au mieux avant, pendant et après l’expérience. Les expériences sont classées selon des critères de sévérité bien définis (léger, modéré, sévère). La plupart des protocoles de recherche sont classés dans la première catégorie (léger) et n’induisent pas de douleur.
Quand un protocole engendre une douleur, celle-ci est traitée par analgésiques. Les expérimentations qui engendrent chez les animaux une forte douleur prolongée qui ne peut être traitée ou soulagée sont interdites.
Le Comité d’éthique en Expérimentation Animale du CEA
Le CEA s’est doté en 2010 d’un Comité d’Ethique en Expérimentation Animale (CEtEA) . Enregistré par le ministère de la recherche (CEEA N° 44), ce comité examine les demandes d’autorisation de projets utilisant des animaux et adresse des avis au Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), seule instance habilitée à délivrer les autorisations d'expérimentation sur l'animal.
Le passage en comité d’éthique d’un projet est une étape clé. Toutes les phases du protocole d’étude sont étudiées et des modifications du ou des protocoles peuvent être demandées dans l’optique de renforcer le bien-être animal.
Le Comité d’Ethique en Expérimentation Animale du CEA est composé de personnels CEA mais aussi d’autres organismes de recherche.
Sont présents :
- des chercheurs qui vont pouvoir apprécier les enjeux de la recherche proposée, étudier la possibilité d’utiliser des méthodes alternatives ou complémentaires, la pertinence des modèles animaux utilisés, etc… ;
- des vétérinaires qui vont avoir une vigilance toute particulière sur la question du bien-être animal, sur les contraintes que vont subir les animaux et les moyens de les réduire au maximum ;
- des zootechniciens qui justifient de compétences dans les soins, l’hébergement, et l’euthanasie des animaux ;
- des techniciens/applicateurs qui assurent l’application de procédures expérimentales aux animaux ;
- des personnalités extérieures représentant la société civile qui vont alimenter la réflexion avec un point de vue de non spécialiste.
Chartes liées à l'utilisation des animaux de laboratoire