La dissuasion nucléaire est au cœur des moyens qui permettent à la France d'affirmer le principe d'autonomie stratégique dont découle sa politique de défense. La constitution d'un armement nucléaire est une entreprise politique, industrielle, mais aussi et surtout scientifique, étroitement liée aux progrès rapides des connaissances et des techniques. Pour constituer cet armement, il était fondamental pour la France de recourir aux essais nucléaires.
Aujourd'hui, l'histoire du développement des forces de dissuasion françaises peut être scindée en trois phases :
Premiers essais nucléaires
La première phase couvre les années 60, lorsque les physiciens et les ingénieurs du CEA imaginent et mettent en œuvre les premiers engins nucléaires. Ces travaux aboutissent à l'expérimentation réussie d'un premier engin à fission pure le 13 février 1960. L'accès à un engin thermonucléaire, beaucoup plus puissant, vient huit ans plus tard, le 24 août 1968.
De 1960 à 1966, les essais ont lieu au Sahara. Ils sont ensuite menés dans le Pacifique, sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, en Polynésie française. Deux sites choisis en raison de leur isolement au milieu de l'océan, dans une zone très faiblement peuplée et à l'écart de toute voie aérienne ou maritime.
Construire une force de dissuasion
La seconde phase, dans les années 70 et 80 , fut celle de la constitution d'une force de dissuasion comportant un arsenal nucléaire quantitativement suffisant et complet en termes de composantes. L'enjeu était de mettre au point des charges adaptées aux capacités des vecteurs, sûres et fiables pour qu'elles soient opérationnelles et crédibles.
Pour en savoir plus sur le CEA et les essais nucléaires français, ainsi que sur le programme Simulation :
En Polynésie, 34 essais ont été réalisés en ballon captif © CEA/Cadam
13 essais ont été effectués dans le massif de Tan Afella, dans le Hoggar © CEA/Cadam
Le programme Simulation
Depuis l'arrêt des essais nucléaires, suivi de l'adhésion de la France au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires en 1996, une troisième phase a débuté. C'est celle de la mise en œuvre du programme Simulation qui permettra d'assurer la continuité de la capacité scientifique et technique nécessaire pour garantir sur le long terme la sûreté et la fiabilité des armes de la force de dissuasion.
L’ensemble des résultats des essais nucléaires passés est indispensable pour valider l’outil de simulation numérique permettant de concevoir et de garantir les nouvelles têtes nucléaires. Les essais nucléaires du passé constituent un patrimoine encore aujourd’hui quotidiennement exploité.
Repères
- Février 1960 : Premier essai français à Reggane.
- Novembre 1961 : Premier essai en galerie au Sahara, à In Ecker.
- Juillet 1966 : Premier essai aérien à Mururoa.
- Juin 1975 : Premier essai souterrain à Fangataufa.
- Avril 1992 : La France prononce un moratoire d'un an de ses essais. Il sera prolongé jusqu'au 13 juin 1995.
- Juin 1995 : La France annonce qu'elle effectuera une ultime campagne d'essais. Six essais seront réalisés.
- Janvier 1996 : Dernier essai nucléaire français.
- Mars 1996 : La France signe le traité de Rarotonga sur la création d'une zone dénucléarisée dans le Pacifique sud.
- Septembre 1996 : Signature par la France du Traité d'Interdiction complète des essais nucléaires (Tice).
Quels types d'essais nucléaires ?
Les premiers essais nucléaires français ont été réalisés dans le Sahara. Deux types d’essais y ont été pratiqués : des essais aériens (à Reggane) et des essais en galerie (à In Ecker, dans le massif du Hoggar). Les sites ont été remis aux autorités algériennes en juin 1967.
A partir de 1966, les essais nucléaires français ont été réalisés au Centre d’expérimentations du Pacifique (CEP), sur les atolls de Mururoa et Fangataufa. Le premier tir a eu lieu à Mururoa le 2 juillet 1966. Il s’agissait d’un essai atmosphérique.
A partir de 1975, tous les essais conduits dans le Pacifique ont été réalisés en souterrain.