La bioproduction : un défi majeur pour les systèmes de santé
Véritable révolution dans le domaine du médicament, les biothérapies, traitements basés sur des molécules produites grâce à des micro-organismes vivants et médicaments de thérapies innovantes (vecteurs de thérapies géniques, thérapies cellulaires), permettront demain de soigner des maladies jusqu’à présent incurables - cancers, maladies inflammatoires chroniques, maladies rares - et de lutter contre les pandémies, tout en ouvrant la voie à une médecine de plus en plus personnalisée. Elles constituent à ce titre une chance décisive pour les patients et sont appelées à prendre une place prépondérante dans les solutions thérapeutiques développées contre ces pathologies. Rendre ces biomédicaments accessibles aux patients constitue donc un double enjeu, s’imposant à tous les acteurs de santé. Il s’agit d’une part de favoriser leur développement et d’industrialiser leur production en France, tout en garantissant quantité et impératif de qualité, rapidité de production et coûts abordables. D’autre part, il s’agit de participer à la construction de l’indépendance sanitaire de la France sur la scène mondiale pour garantir la disponibilité des traitements les plus novateurs pour les patients, un enjeu d’autant plus déterminant dans un contexte de pandémie, telle que celle liée à la Covid-19.
Faire de la France un leader de la bioproduction
Compte tenu du caractère stratégique et de l’enjeu compétitif de la production des futures thérapies innovantes, le Comité Stratégique de Filière des Industries et Technologies de Santé (CSF – ITS) a posé pour la première fois en février 2019 dans son Contrat Stratégique de Filière, le cadre d’une collaboration élargie entre acteurs publics et privés, pour une ambition de 500 millions d’euros, préalable à la construction d’une filière fédérée autour d’un objectif : faire de la France le leader européen de la bioproduction. Pour mettre en œuvre cet objectif, les principaux acteurs de l’écosystème - autorités publiques, instituts de recherche dont le CEA, pôles de compétitivité et clusters, entrepreneurs et industriels se sont organisés en réseau sous l’égide du Board de l’initiative Bioproduction du CSF – ITS. Grâce à la création d’un continuum agissant tout au long de la chaîne de valeur Recherche - Développement – Production, cet écosystème a pour mission d’accélérer la recherche et faire émerger des technologies de rupture (capteurs, systèmes innovants, nouveaux modes de production, etc.) en coordination avec d’autres comités stratégiques de filière comme celui de la microélectronique.
Ces acteurs fédérés proposent aujourd’hui une feuille de route ambitieuse remise au Gouvernement, visant à créer les conditions nécessaires à l’émergence d’une filière autour des « bioréacteurs » de demain (unités de fabrication des biothérapies au sein des usines de bioproduction) dont les gains de productivité seront améliorés d’au moins un facteur 100 d’ici 10 ans, renforçant ainsi la compétitivité et l’attractivité de l’offre française en bioproduction.
Concrètement la filière se donne pour mission de porter en 10 ans la part de produits biologiques approuvés par l’Agence européenne des médicaments et fabriqués en France de 5 à 20%. Le plan d’action proposé pour y parvenir s’articule autour de 5 priorités :
- la création d’une structure de pilotage scientifique et industriel de la filière, l’« Alliance France Bioproduction ».
- Le soutien à une recherche capable de produire les innovations de demain, et le soutien au développement et à l’industrialisation des innovations technologiques
- La consolidation d’un réseau d’intégrateurs à finalité industrielle avec pour objectif de faciliter et accélérer le passage d’une innovation (produit/technologie) de son stade expérimental à un stade de preuve de concept industrielle.
- L’amélioration de l’attractivité de la France pour renforcer le tissu des acteurs industriels impliqués dans la filière
- Le développement et le maintien des compétences clés en France par la mise en place et la consolidation de filières de formation initiale et continue, adaptées aux évolutions technologiques futures.
Les activités du CEA pour la bioproduction
Le CEA participe activement au point d’étape de la filière CSF Santé grâce à ses technologies d’excellence pour la bioproduction et les dispositifs médicaux notamment. Le CEA apporte des compétences avancées en ingénierie cellulaire et tissulaire, en thérapie cellulaire et pour les organes sur puces. En thérapie génique, le CEA propose de nouvelles stratégies de traitement des troubles hématopoïétiques et des maladies neurodégénératives avec de nouveaux vecteurs viraux et en améliorant leur efficacité de transduction ou d’accès aux cellules ciblées. C’est ainsi que le CEA a contribué au succès de deux essais cliniques visant la correction de la drépanocytose et de la β-thalassémie.
Le CEA améliore aussi l’efficacité des bioréacteurs avec le développement de nouveaux capteurs pour la production de nouvelles thérapies et l’optimisation des rendements, et avec les nano-vecteurs lipidots utilisés actuellement dans un projet de vaccin ARNm contre la COVID-19 (COROL-CoV-2).
Le CEA fait partie du Board du CSF-ITF Bioproduction pour son apport de solutions innovantes pour de nouvelles molécules, de nouvelles approches thérapeutiques et pour l’utilisation massives des données multi-omiques et de l’imagerie.
A propos du Comité Stratégique de Filière des Industries et Technologies de Santé (CSF-ITS)
Le CSF-ITS fait partie des 18 CSF placés sous l’égide du Conseil National de l’Industrie. Le comité vise à instaurer un dialogue concret, performant et régulier entre l’Etat, les entreprises et les représentants des salariés du secteur sur tous les sujets-clés qui permettront la reconquête industrielle française. Le CSF ITS est présidé par Olivier Bogillot, président de la Fédération française des industries de santé.
Les membres du Board du CSF-ITS Bioproduction
Altran – société du groupe Capgemini, CEA, Centrale Supelec représentant la conférence des grandes écoles, Dassault Systèmes, DGE, DGRI, DGS, France Biotech, Genethon, INSERM, représentant Aviesan, LEEM, Medicen représentant l’ensemble des pôles de compétitivité et clusters en Santé, Novartis, Sanofi, Servier, V-Nano.