Près de 28 fois plus puissant que le CO2 à masse égale, le méthane est le deuxième gaz à effet de serre d'origine anthropique après le CO2 en termes d'émissions.
Les concentrations de méthane dans l'atmosphère sont deux fois et demie plus élevées qu'avant la révolution industrielle. Après une stabilisation au début des années 2000, une nouvelle augmentation des concentrations de méthane est observée depuis 2007, avec une forte accélération depuis 2014.
Cette évolution est inquiétante car elle diverge à présent de tous les scénarios élaborés par le Giec, excepté du plus pessimiste, associé à un réchauffement de plus de 4°C en 2100. Or les variations des concentrations de méthane restent mal comprises tant à l'échelle de la planète qu'à celle d'un pays.
Un bilan entaché d'incertitudes sur les émissions naturelles
Les sources naturelles sont variées (zones inondées, lacs, réservoirs, termites, géologiques, hydrates de carbone, etc.) et ne sont connues qu'avec une grande incertitude.
Les émissions dues aux activités humaines représentent environ 60 % des émissions totales de méthane et se répartissent de la manière suivante :
- gestion des troupeaux 30 %
- exploitation du pétrole et du gaz 22 %
- gestion des déchets solides et liquides 18 %
- extraction du charbon 11 %
- culture du riz 8 %
- feux de biomasse et combustion de biocarburants 8 %
- transport et industrie 3 %.
Les régions tropicales contribuent à hauteur de 64 % des émissions totales alors que les moyennes latitudes n'en émettent que 32 % et les hautes latitudes nord seulement 4%.
Une hausse des émissions hétérogène
L'augmentation globale des émissions entre 2000-2006 et 2017 est attribuée à :
- l'agriculture et la gestion des déchets (60 %)
- l'exploitation des énergies carbonées (40 %).
Elle atteint 50 Tg (1 téragramme = 109 kg) et se distribue géographiquement de la manière suivante :
- Afrique, Chine et Asie, à hauteur de 10-15 Tg chacune
- Amérique du Nord, avec 5-7 Tg, dont 4-5 Tg attribués aux États-Unis.
L'Europe est la seule région du monde où les émissions semblent avoir diminué (entre -4 et -2 Tg) grâce au secteur agricole et à la gestion des déchets.
Les émissions naturelles n'augmentent pas encore significativement
Le réchauffement des régions boréales entraîne la fonte du pergélisol et modifie les écosystèmes, avec en particulier la création de lacs thermokarstiques, et les modèles prédisent des émissions de méthane plus importantes au cours du siècle prochain. Mais les méthodes basées sur les mesures de concentrations atmosphériques de méthane ne décèlent pas de signal allant dans ce sens pour le moment.
Par ailleurs, les modèles de surfaces continentales ne montrent pas aujourd'hui d'augmentation significative des émissions de méthane par les surfaces inondées.
Davantage de méthane dans l'atmosphère
Les concentrations de méthane dans l'atmosphère augmentent actuellement avec un taux de l'ordre de 8-12 ppb/an depuis 2014, aussi rapidement que dans les années 1980. Cette tendance suit le scénario le plus pessimiste du Giec, associé à une augmentation de température de 4,3°C à l'horizon 2100.
Le méthane a cependant une durée de vie plus courte que le dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Selon Marielle Saunois, enseignante-chercheuse au LSCE-UVSQ, « il est impératif de continuer les efforts de quantification du bilan mondial du méthane, avec des mises à jour régulières comme pour le dioxyde de carbone car la diminution des émissions de méthane peut être rapidement bénéfique pour le climat. Si on veut rester sous la barre des 2°C, et répondre aux accords de Paris, il ne faut pas se contenter de limiter les émissions de dioxyde de carbone, il faut aussi réduire les émissions de méthane.»
(c)Global Carbon Project