Les synucléinopathies (qui incluent la maladie de Parkinson,
la démence à corps de Lewy et l’atrophie multisystématisée) forment un groupe
de maladies neurodégénératives caractérisées par l'accumulation anormale
d'agrégats de la protéine alpha-synucléine dans le cerveau.
L’alpha-synucléine existe à l’état normal sous forme soluble
et monomérique, et joue un rôle important dans le développement normal des
fonctions cognitives. Dans le cas des synucléinopathies, cette protéine forme des amas
fibrillaires insolubles toxiques que l’on retrouve dans les « corps
de Lewy ». Ces amas se propagent d’un neurone à l’autre, en se
multipliant, conduisant à une dégénérescence progressive et irréversible et dont
les manifestations pathologiques varient d’une synucléinopathie à l’autre.
Les amas fibrillaires existent sous différents polymorphes conformationnels,
nommés souches, présentant des caractéristiques biochimiques, structurales et physiques
propres. L’hétérogénéité clinique observée dans les synucléinopathies
laisse à penser qu’il existe un lien entre les souches et les différentes
manifestations pathologiques.
Pour démontrer cela, les chercheurs du Laboratoire des
Maladies Neurodégénératives (LMN/MIRCen) en collaboration avec une équipe américaine
de Van Andel Institute, ont caractérisé les profils de propagations de cinq
souches distinctes d’alpha-synucléine en ciblant le bulbe olfactif, une région
atteinte précocement dans la maladie de Parkinson et dans la démence à corps de
Lewy.
Ils ont montré que ces cinq souches se propagent depuis le
bulbe olfactif vers des régions cérébrales distinctes qui sont affectées bien plus
tardivement chez l’homme. L’analyse des régions cérébrales affectées, la
vitesse de propagation des différentes souches dans le cerveau et la pathologie
développée indique des processus pathologiques spécifiques à chaque type de
souche.
© Nolwen L.Rey
Ces résultats indiquent également que la conformation adoptée par les assemblages
d'alpha-synucléine est déterminante dans la vitesse d’amplification et dans la propagation
des agrégats dans le cerveau.
Cette étude ouvre de nouvelles perspectives dans le
développement de stratégies thérapeutiques ciblant les différentes synucléinopathies,
en caractérisant de manière plus précise les agrégats d’alpha-synucléine chez
les patients atteints.