Cette étude actualise les résultats du suivi depuis 1956 d’une cohorte de 17 435 habitants de la rivière Tetcha en termes d’incidence des cancers solides. Il s’agit d’habitants des villages situés le long de la rivière Tetcha en aval du site nucléaire de Mayak (Russie), responsable de rejets de matières radioactives entre 1949 et 1956. Ces personnes ont potentiellement été exposées à une irradiation externe et à une contamination interne par des produits de fission, notamment des isotopes du césium et du strontium.
L’analyse réalisée ici utilise les données des registres de cancer de 1956 à 2007 et bénéficie de nouvelles estimations de dose individuelle. Sur les 12 759 personnes pour qui ces informations étaient disponibles, 1 933 cas de cancers solides ont été diagnostiqués. La dose à l’estomac a servi de dose de référence pour cette étude. Sur l’ensemble de la cohorte, la moyenne de la dose à l’estomac est de 52 mGy, la médiane de 15 mGy et le percentile 90 de 121 mGy.
Après ajustement sur le tabac, un excès de risque relatif significatif de cancer solide (tous cancers confondus) persiste. Il est de 0,77 pour 100 mGy à l’estomac (IC 95% : 0,013-0,15). Cependant, lorsque les cas de cancer de l’œsophage sont exclus, cet excès de risque n’est plus significatif (ERR/100 mGy= 0,06 ; IC 95 : 0,00-0,14). Pour le cancer de l’œsophage seul, l’ERR est de 0,46 pour 100 mGy à l’estomac (IC 95 : 0,04-1,2) après ajustement sur le tabac. Cette association mérite une analyse plus approfondie avec une prise en compte de tous les facteurs de risque connus de cancer de l’oesophage. Les faibles nombres de cas pour les autres sites de cancer ne permettent pas d’atteindre une puissance statistique suffisante.