Il s’agit de développer des méthodes RMN et de les appliquer sur des protéines dont il est crucial de de comprendre le dynamisme et le fonctionnement. Concrètement, nous nous intéressons à des protéines membranaires et des protéines « chaperonnes ». Le rôle des protéines membranaires est de transporter des molécules (nutriments, ions, etc.) à travers les membranes biologiques , et nous voulons comprendre comment elles sont amenées de l’endroit où elles sont synthétisées jusqu’à leur emplacement final dans la membrane. Or, elles ont la spécificité de « travailler » dans un milieu lipidique et de ne pas être solubles dans l’eau ; le transit de ces protéines à travers un milieu aqueux n’est alors possible que parce que d'autres protéines, les chaperonnes, les prennent en charge.
Ce qui est à ce jour peu compris, c’est comment ces « transporteurs » interagissent avec leur « cargo » ; comment elles les reconnaissent et les relâchent finalement une fois arrivées à la membrane. Ces complexes sont dynamiques, ce qui rend les études structurales difficiles par des méthodes standards. La RMN est justement cette technique qui permet d’étudier cette dynamique. Des développements, toujours en cours, nous permettent de voir de plus en plus de détails. Ils sont donc une composante importante de notre travail.
Ce qui est vraiment exceptionnel dans cette aventure, c’est d’utiliser des méthodes physiques et d’arriver à la biologie en créant des passerelles entre les deux. C’est également excitant de travailler avec des background différents. D’ailleurs, les membres de l’équipe que j’ai constituée pour l’ERC (deux thésards, trois post-doctorants et une technicienne) proviennent de Lituanie, Autriche, Argentine, Taïwan et France ; et nous collaborons avec des chercheurs de Russie, Etats-Unis, Angleterre, Allemagne… Cette dimension dynamique, hétérogène et internationale est d’ailleurs très présente dans l’écosystème grenoblois et au CEA.