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La science ouverte, un défi pour la recherche et pour le CEA


Depuis quelques années, les orientations de la Commission européenne en faveur de la science ouverte et le Plan national pour la science ouverte en France incitent les chercheurs à rejoindre ce mouvement. Le CEA soutient depuis 2008 le libre accès aux publications scientifiques avec la création de son portail HAL-CEA et renforce aujourd’hui son engagement pour la science ouverte en publiant sa « Charte pour une science ouverte ». Explications avec Elsa Cortijo, directrice de la recherche fondamentale au CEA et présidente du comité de pilotage de l’information scientifique et technique du CEA.​

Publié le 29 juin 2021

​Qu’est-ce que la science ouverte ?


La science ouverte est un nouveau modèle, apparu à l’ère du numérique, qui vise à démocratiser la diffusion et le partage des connaissances scientifiques. Elle a pour objectif de faire sortir la recherche financée à partir de fonds publics, du cadre confiné des bases de données fermées. Concrètement, cela revient à rendre accessibles à tous, gratuitement et sans délais, les résultats de la recherche scientifique, qu’il s’agisse de publications ou encore de données, dans le but de favoriser la coopération scientifique, tout en respectant la confidentialité et l’éthique.

La motivation première est que l’accès à la recherche ne doit pas être restreint aux pays les plus développés et qu’une large ouverture est dans l’intérêt commun de tous. La crise sanitaire que nous avons vécue et continuons à vivre montre combien l’accès aux résultats et la confrontation rapide de ces derniers est capitale pour une réponse efficace et une limitation des conséquences néfastes.

La science ouverte favorise la coopération internationale

La science ouverte favorise la coopération internationale. © Royyimzy - Fotolia.com



Une dynamique transparente et citoyenne

Les enjeux de la science ouverte sont bien reconnus au CEA :

  • elle augmente la qualité et la transparence de la recherche en permettant un accès sans entrave à plus d’informations,
  • elle favorise la réutilisation des données dans un souci de valorisation des résultats de recherche et d’accélération de l’innovation,
  • elle constitue un levier pour l’intégrité scientifique et participe à réinstaurer une relation de confiance des citoyens dans la science.


Parmi les axes développés par la science ouverte, deux sont particulièrement importants, ils concernent l’ouverture des publications et des données.

Quelles sont les initiatives françaises et européennes pour encourager la science ouverte ?

Depuis maintenant quelques années, le mouvement de la science ouverte s’est largement développé, et est promu par le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation ainsi que par de nombreuses agences de programmes français et européens. Par exemple, Horizon Europe affiche la science ouverte comme une priorité politique. L’application des règles de la science ouverte, en regard de l’allocation de fonds publics dans les appels à projet, est renforcée, demandant aux chercheurs le libre accès immédiat des publications scientifiques et, quand cela est possible, aux données de la recherche. Cette politique est également formalisée depuis septembre 2018 dans le Plan S, porté par la cOAlition S, qui regroupe de nombreux organismes nationaux de financement, dont l’ANR.

Comment le CEA participe à cette démarche ?


Le CEA participe à la démarche de science ouverte depuis 2008, date à laquelle l’organisme a choisi la plateforme nationale HAL comme réservoir institutionnel ouvert permettant de garantir l’archivage pérenne et la visibilité internationale de ses publications scientifiques. Depuis une dizaine d’années, les actions en faveur d’une science ouverte se sont multipliées et organisées en interne, au sein d’un comité de pilotage de l’information scientifique et technique que je préside et qui réunit les différentes directions du CEA. Fin mai 2021, la charte du CEA pour une science ouverte a été signée par l’administrateur général, François Jacq. Cette dernière incite les chercheurs de l’organisme à la libération des résultats de la recherche et des données, dans le respect du principe européen « aussi ouvert que possible, aussi fermé que nécessaire ».

Ainsi le CEA demande à ses chercheurs de déposer dans HAL-CEA leurs manuscrits d’articles acceptés, ceci dans un délai qui ne devrait pas excéder 6 mois après la publication dans une revue scientifique.

Tout l’enjeu de la science ouverte est de convaincre les éditeurs des grandes revues scientifiques à participer à ce mouvement, en réduisant au maximum les délais d’embargo imposés sur les articles ou à concéder aux chercheurs-auteurs le droit de publier en accès ouvert une version de leurs articles. Nous nous mobilisons avec les autres organismes de recherche et universités pour que les chercheurs conservent leurs droits sur les résultats et données et puissent se les réapproprier, notamment via notre action au sein du Consortium Couperin.

L’idée est de pouvoir concilier science ouverte et publications dans des revues prestigieuses souvent très protégées par des abonnements coûteux chez des éditeurs commerciaux.

Depuis de nombreuses années, le CEA gère de grands jeux de données au sein de collaborations internationales (climat, astrophysique, génomique, …). Fort de cette expérience, le CEA travaille également sur les méthodes et sur les conditions de recueil et de conservation de l’ensemble de ses données de recherche, en lien avec les projets portés par le Ministère de l’Enseignement Supérieur de la recherche et de l’innovation.

Enfin, l’un des impacts de la science ouverte concerne les méthodes d’évaluation des chercheurs qui devront tenir compte de ces évolutions de la recherche. Ainsi l’usage du facteur d’impact des revues n’apparaît plus être forcément pertinent dans les nouveaux modèles de science ouverte et l’ouverture des données produites dans le cadre des projets de recherche est un élément à intégrer à l’évaluation.

Quels sont les résultats du baromètre science ouverte du CEA ?

67 % des publications scientifiques 2019 du CEA sont disponibles en accès ouvert, d’après le baromètre de la science ouverte 2020 du CEA [1] . Un chiffre supérieur à la moyenne nationale et qui traduit une dynamique d’accélération de la science ouverte au sein de l’organisme depuis 2 ans.

Part des publications 2019 du CEA en accès ouvert


HAL est la première plateforme d’archivage avec plus de 9 000 articles scientifiques déposés par les chercheurs entre 2016 et 2020. Pour le CEA, l'ouverture aux publications et données est très importante dans certains domaines de la recherche fondamentale, notamment en biologie fondamentale (81%), mathématiques (81%) et en sciences physiques & astronomie (74%).



[1] Publié par le Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation (MESRI), le baromètre de la science ouverte fournit un ensemble d'indicateurs permettant de mesurer la part des publications scientifiques en accès ouvert au niveau national. Les données et le code de ce baromètre étant librement réutilisables, l’Université de Lorraine l’a adapté. En s’appuyant sur ces travaux, le CEA a mis au point son propre baromètre de la science ouverte.

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Tout l’enjeu de la science ouverte est de convaincre les éditeurs des grandes revues scientifiques à participer à ce mouvement, en réduisant au maximum les délais d’embargo imposés sur les articles ou à concéder aux chercheurs-auteurs le droit de publier en accès ouvert une version de leurs articles. »

Elsa Cortijo