Modéliser la turbulence à l’échelle atomique
La médaille d'argent du CNRS 2017 a été remise le 6 décembre 2017 à Bérengère Dubrulle, directrice de recherche au CNRS, experte en physique des systèmes complexes au Service de Physique de l'Etat Condensé (SPEC - UMR 3680 CEA-CNRS) implanté au CEA Paris-Saclay, site de Saclay.
Bérengère Dubrulle a axé l'ensemble de ses recherches sur la modélisation de la turbulence de l’échelle atomique à celle du système complet. Les systèmes étudiés sont très variés. Il peut s’agir d’un simple récipient rempli de différents fluides, permettant par exemple des études fondamentales sur la turbulence (eau), l’effet dynamo dans un liquide conducteur (sodium liquide) ou encore l’étude de la turbulence quantique (hélium superfluide). Il peut s’agir également de systèmes de très grande taille (un milliard d’années-lumière !), avec l’étude de la turbulence compressible dans les grandes structures de l’Univers.
Théoricienne, elle a collaboré avec des équipes numériques et expérimentales, s’impliquant notamment dans l’analyse et l’interprétation de plusieurs expériences de laboratoires (Taylor-Couette, von Karman, VKS, SHREK). Dans ce parcours "de l’Univers au laboratoire", elle a fait progresser la compréhension de divers phénomènes physiques, astrophysiques et géophysiques, tels que la formation du système solaire, la distribution de masse dans les grandes structures de l’Univers, les changements climatiques brutaux, la dynamo solaire ou terrestre, le mélange turbulent, la dissipation d’énergie, l’intermittence en turbulence...
« Les travaux qui m’ont valu cette médaille ont été réalisés dans deux laboratoires de physique fondamentale CEA-CNRS, en astrophysique puis en physique de l’état condensé. J’y ai bénéficié d’un environnement exceptionnel, grâce à des collaborations interdisciplinaires avec des physiciens, des astrophysiciens, des climatologues, des experts des basses températures et des techniques nucléaires. »
Voir aussi "Pourquoi cherchez-vous, Bérengère Dubrulle ?" , vidéo-animation avec Geneviève Anhoury pour Univers Science.
Climat et cycles du carbone
La médaille d'argent du CNRS 2017 a été décernée à Philippe Ciais, chercheur CEA au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CEA Paris-Saclay, site de l’Orme des merisiers).
En combinant observations et modélisations mathématiques, Philippe Ciais caractérise depuis plus de vingt ans les cycles biogéochimiques du dioxyde de carbone et du méthane, les deux principaux gaz à effet de serre émis par l’homme. L’article qu’il publie dans Science en 1995 permet de résoudre une controverse fondamentale sur les puits continentaux et océaniques de CO2.
Recruté au LSCE, Philippe Ciais y effectue toute sa carrière scientifique, occupant le poste de directeur-adjoint du laboratoire entre 2006 et 2011. Fort de sa grande connaissance des cycles biogéochimiques, le climatologue coordonne la rédaction du chapitre dédié à cette thématique dans le 5e rapport du Giec publié en 2014. Philippe Ciais supervise actuellement l’infrastructure de recherche à grande échelle Icos, qui vise à quantifier les émissions de gaz à effet de serre et les puits de carbone à l’échelle du continent européen.
En 2016, le chercheur reçoit la médaille Copernicus en récompense de ses travaux pionniers sur les interactions entre cycle du carbone, écosystèmes terrestres et changement climatique.
« Quand j’ai commencé à travailler sur le cycle du
carbone, une poignée de chercheurs s’intéressait au sujet. Aujourd’hui,
c’est un axe de recherche majeur dans le domaine du changement
climatique. »
En savoir plus sur le projet Icos
Étudier les astrocytes dans le cerveau
La médaille de bronze du CNRS 2017 a été décernée à Carole Escartin, chargée de recherche au CNRS, spécialiste des astrocytes à l’Institut de biologie François-Jacob (CEA Paris-Saclay, site de Fontenay-aux-Roses).
Les travaux de Carole Escartin portent sur les cellules de soutien des neurones, les astrocytes. Ces cellules sont cruciales pour le fonctionnement cérébral normal et deviennent réactives lors de situations pathologiques, comme celles des maladies neurodégénératives.
Docteur en neurosciences et aujourd’hui chercheuse dans le département MIRCen (Molecular Imaging Research Center), Carole Escartin porte un projet de recherche à la fois inédit et prometteur. Elle étudie les conséquences fonctionnelles de la réactivité astrocytaire et leur rôle potentiel dans la survie des neurones. Les outils originaux développés par la chercheuse afin de manipuler ces cellules in vivo lui permettent de mieux comprendre le fonctionnement des astrocytes réactifs, d’évaluer leur rôle dans les maladies neurodégénératives et de tester des modalités d’imagerie in situ, pour les détecter et en faire les « marqueurs » de pathologies cérébrales.
À terme, les travaux de Carole Escartin pourraient aboutir au développement de stratégies alternatives de traitement des maladies neurodégénératives, possiblement plus efficaces que les approches actuelles. Pour conduire ces recherches, elle a obtenu dès 2010 un financement Jeune chercheuse de l’Agence nationale de la recherche et plus récemment, un financement Tremplin-ERC.
« Cette médaille est une reconnaissance du travail multidisciplinaire réalisé à MIRCen, pour comprendre les mécanismes impliqués dans les maladies neurodégénératives. »