En 43 pages, la synthèse du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat de l'ONU (Giec) souligne les points essentiels des six rapports du sixième cycle, clôturant ainsi huit années de travail des trois groupes dédiés respectivement à l'analyse scientifique, aux conséquences du changement climatique ainsi qu'aux solutions pour en limiter l'ampleur. Ce rapport de synthèse a été publié le 20 mars, après une semaine de négociations à Interlaken en Suisse avec les représentants des gouvernements de tous les pays membres, où étaient présents plusieurs chercheurs du LSCE. Son constat est sans appel quant à l'impérative nécessité d'arrêter l'augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre.
Déjà + 1,1°C par rapport à l'ère préindustrielle
Le constat est le suivant : depuis l'ère préindustrielle, la combustion de matières fossiles couplée à l'utilisation inégale et non durable de l'énergie et des sols a entraîné aujourd'hui une élévation de la température moyenne à la surface de la Terre de 1,1°C. Un réchauffement qui se traduit notamment par une augmentation de l'acidification et du niveau des mers, ainsi que de la fréquence et de l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes (vagues de chaleur, sécheresses intenses, cyclones, précipitations torrentielles, etc.). Avec des conséquences de plus en plus dangereuses pour les milieux naturels et les populations à l'échelle mondiale.
Fait notable sur lequel insiste le Giec : ces phénomènes extrêmes seront aggravés par tout réchauffement supplémentaire, augmentant les risques pour la santé humaine et les écosystèmes. Or, il s'avère impossible de contenir ce réchauffement à 1,5°C sans une réduction radicale des émissions de GES, estimée à près de 50% d'ici à 2030. C'est-à-dire dans 7 ans.
De nombreuses solutions, à déployer en priorité pour les pays les plus vulnérables
La synthèse met également en exergue les pertes et les dommages que nous subissons déjà et qui s'aggraveront à l'avenir, touchant drastiquement les populations et régions les plus vulnérables. Or, des solutions existent, au premier rang desquelles l'instauration d'un développement résilient au changement climatique. Le rapport cite de nombreux exemples ayant trait à l'accès à des énergies et technologies propres d'électrification, des modifications dans le domaine alimentaire, des transports, de l'industrie et de l'usage des sols. « Ces mêmes modifications pouvant faciliter l'adoption de modes de vie à faible émission de carbone, au profit de la santé et du bien-être » indique notamment le rapport, qui pointe l'indispensable engagement de toutes les forces vives des pays et notamment des investisseurs, banques centrales et organismes de réglementation financière.
Du rôle des scientifiques
« La question n'est pas d'être optimiste, mais de comprendre que nous sommes le dos au mur, et que des solutions existent. Il faut les mettre en place le plus vite possible et de la manière la plus intelligente possible. Je suis scientifique. Mon rôle a été de produire des connaissances, de les évaluer et de les transmettre de la manière la plus rigoureuse possible. Ce n'est pas aux scientifiques de porter la responsabilité de l'action pour le climat dans le monde. C'est à chacun de le faire. Et plus on a des capacités d'agir élevées, plus on a un niveau de responsabilité élevé, plus cette charge mentale devrait être forte », a confié Valérie Masson-Delmotte, co-directrice du groupe 1 du Giec et paléo-climatologue du LSCE, lors d'un entretien avec France Info.