Lancé le 14 mai 2009 par Ariane 5, le satellite Herschel de l’ESA (Agence Spatiale Européenne) est le plus grand télescope spatial dédié à l’astronomie dans le domaine spectral de l’infrarouge et du submillimétrique.
Après plus de trente mois de fonctionnement dans l’espace, à plus de 1,5
million de kilomètres de la Terre, le CNES, l’agence spatiale
française, et l’Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble
IPAG (CNRS/Université Grenoble 1) ont organisé du 20 au 23 mars un colloque qui a réuni plus de 200 chercheurs du monde entier, experts en formation des étoiles et des systèmes planétaires.
Parmi l’ensemble des communications de recherche de ce colloque, une observation fut à l’honneur : celle de l’eau.
En effet, jamais avant le satellite Herschel, il n’avait été
possible d’observer l’eau dans l’Univers avec autant de détails, en
particulier sous forme gazeuse.
Quatre programmes internationaux de recherche (WISH, CHESS, HSSO et GASPS1), avec très fort engagement de laboratoires français2 ont pu tracer et mesurer l'abondance de l'eau et son évolution, de la naissance des étoiles à celle des planètes.
Pour la première fois, l'eau a ainsi été détectée dans les coeurs préstellaires, mais aussi en grande quantité dans des disques protoplanétaires, et jusque dans les jeunes systèmes planétaires extrasolaires, sous la forme de gigantesques réservoirs de comètes glacées. De plus, ces observations ont permis de mieux comprendre la formation de l'eau autour des étoiles jeunes,
et de préciser les mécanismes de formation des étoiles analogues à
notre soleil ou beaucoup plus massives que ce dernier. Outre l’action de
l’eau comme un refroidisseur naturel, l’eau constitue une formidable
sonde des mouvements de gaz autour des étoiles en formation.
Par ailleurs, une nouvelle mesure de l'abondance de l'eau, et de
sa variante l'eau lourde, a relancé l'hypothèse de l'apport de l'eau
sur terre par voie cométaire.
Ces observations ont été effectuées avec les
trois instruments embarqués à bord : HIFI, un spectromètre à haute
résolution dédié à l’étude de la chimie de l’Univers, PACS et SPIRE des
spectro-imageurs destinés à cartographier l’émission infrarouge des
grains de poussière.
1 : WISH : Water In Star-forming regions with Herschel, CHESS : Chemical Herschel Surveys of Star-forming regions, HSSO : Herschel Solar System Observations, GASPS: GAS in Protoplanetary Systems
2
: En particulier le Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux
(CNRS/Université Bordeaux 1), l’Institut de recherche en astrophysique
et planétologie de Toulouse (CNRS/Université Toulouse 3), l’Institut de
planétologie et d’astrophysique de Grenoble (CNRS/Université de Grenoble
1), le Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en
astrophysique de Paris (CNRS/Observatoire de Paris/UPMC/Université Paris
7)
L’eau est ainsi présente dans tout le
cosmos, sous forme de glace ou de gaz. Et c’est même la troisième espèce
la plus abondante de l'Univers. Ces observations permettent ainsi de répondre aux questions qui agitent autant les astrophysiciens que le grand public
: y a-t-il de l’eau dans le cosmos ? Y a-t-il de l’eau dans le système
solaire ailleurs que sur Terre ? D’où vient l’eau présente sur Terre ?
Pouvait-elle déjà être présente lors de la formation de notre planète ?
Outre la compréhension des mécanismes de formation de l'eau autour des
étoiles jeunes, les observations réalisées par Herschel dressent un
vaste panorama de l’ensemble des régions de formation stellaire et
planétaire tant du point de vue de la visualisation de ces espaces que
de la compréhension des mécanismes physiques qui les régissent : des
filaments structurant les nuages moléculaires aux interactions des
grains de poussière avec les planètes, jusqu’à la formation des étoiles
de type solaire ou beaucoup plus massives. C’est donc tout un pan
astrophysique qui va pouvoir être nourri pendant de nombreuses années en
exploitant les données acquises par Herschel, jusqu’à la fin des
opérations, début 2013.
Le CNES a participé au financement des instruments et assure le suivi et le financement des participations françaises engagées par le CEA, le CNRS, et de nombreuses universités et laboratoires français.