Alors que les détecteurs les plusperformants actuellement
comptent seulement deux à cinq télescopes, ce dispositif mondial nommé
CTA (Cherenkov Telescope Array) en prévoit près de cent. Chacun de ces
télescopes sera équipé d'une caméra, véritable oeil électronique,
permettant de mesurer les rayons cosmiques pénétrant dans l'atmosphère.
Dans le cadre du projet GATE (GAmma‐ray Telescope Elements), lapremière
mécanique de caméra pour ce détecteur ultra‐performant vient d’être
finalisée au Laboratoire Leprince‐Ringuet (LLR) (École
polytechnique/CNRS).
Les laboratoires français ont acquis
une grande expertise en astronomie de très haute énergie avec les
expériences H.E.S.S. (High Energy Stereoscopic System) puis H.E.S.S.‐II,
l'un des détecteurs de rayons gamma au sol les plus performants au
monde situé en Namibie et doté de cinq télescopes,dont le plus grand
télescope Cherenkov au monde. Fortes de cette expérience, plusieurs
équipes de physiciens et d’astrophysiciens français se sont regroupées,
sous la coordination scientifique de l’Observatoire de Paris, pour
former le projet GATE, en vue de réaliser certains des équipements de
CTA, futur dispositif mondial de détection de rayons gamma cosmiques.
Sélectionné lors de l’appel à propositions Sesame (Soutien aux équipes
scientifiques pour l’acquisition de moyens expérimentaux)de 2010, GATE a
reçu le soutien financier de la région Île‐de‐France, du CNRS, du CEA
et de l'Observatoire de Paris.
C’est dans le cadre de ce projet
ambitieux que les équipes du Laboratoire Leprince‐Ringuet (École
polytechnique/CNRS) viennent de finaliser la première mécanique de
caméra destinée à équiper des télescopes du futur observatoire. Cette
réalisation marque une étape importante dans la mise au point de cet
équipement scientifique d’envergure mondiale. Cette caméra va être
transportée près de Berlin en Allemagne, où elle va être installée sur
un prototype de télescope réalisé par le laboratoire DESY (Deutsches
Elektronen‐Synchrotron). Une fois la caméra en place, les équipes
procéderont à une série de réglages et de tests techniques.
Les
télescopes de CTA en cours de conception capteront la lumière furtive
produite par l'interaction dans l'atmosphère des rayons gamma de très
haute énergie en provenance de l'Univers. De tels rayons génèrent de
véritables cascades de particules similaires à celles fabriquées au
moyen d'accélérateurs tels que le LHC au Cern. Grâce aux caméras fixées
sur ses multiples télescopes et capturant le signal de ces interactions
dans l'atmosphère, ce dispositif permettra de dresser une véritable
cartographie spatio‐temporelle des objets célestes émettant un
rayonnement gamma de très haute énergie. Par leur précision et leur
sensibilité, ces cartes vont améliorer notre compréhension de l’Univers
violent et des phénomènes encore mystérieux qui le
caractérisent:explosions d’étoiles, restes de supernova, environnement
des trous noirs et étoiles à neutrons,noyaux actifs de galaxies... Une
telle vue d’ensemble de toute la galaxie est aujourd’hui nécessaire pour
progresser dans l’étude de l’origine des rayons cosmiques. Un tel
détecteur permettra en outre de conduire plusieurs programmes de
physique fondamentale : recherche de la matière noire constituant 22% de
la densité d’énergie de l'Univers et tests de la constance de la
vitesse de la lumière dans un domaine énergétique, inaccessible
jusqu’alors, et dont la violation est prédite par certaines théories
au‐delà du modèle standard de physique des particules.
Prototype réseau CTA © École Polytechnique, P. Lavialle