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Au sein de la Direction pour les partenariats industriels du CEA-Leti, nous rencontrions beaucoup d’industriels », se souvient Alexandre Paléologue, président de Morphosense. Très vite, l’ingénieur comprend que l’une des technologies du laboratoire pourrait bien satisfaire les besoins de grands groupes du génie civil, désireux de
suivre le comportement de leurs infrastructures : ponts, barrages, etc.
Conçue à l’origine pour suivre la déformation d’une colonne vertébrale grâce à des capteurs de mouvement, celle-ci n’avait pas trouvé d’issue dans le domaine médical. Avec deux associés, Alexandre Paléologue crée la start-up Morphosense en 2016, et adapte les capteurs à ce nouveau marché en améliorant leur robustesse et leur précision. Ceci pour pouvoir mesurer en temps réel la déformation statique (précision : 100 µm/m) et les vibrations des ouvrages.
Dispositif de capteurs Morphosense © Morphosense
Des jumeaux numériques pour encore plus de précision
La start-up complète son offre en 2020 en mettant en œuvre
les jumeaux numériques des infrastructures, qui intègrent leur modèle physique, les données fournies par les capteurs, et nouveauté, celles issues des mesures de l’environnement (vent, pluie, houle, courant sous-marins…). «
Nous pouvons ainsi estimer à n’importe quel point de la structure tout type de données : fissurations, torsions, desserrage de boulons… », commente le fondateur. De quoi suivre avec précision la fatigue des installations,
estimer
leurdurée de vie et ainsi
optimiser la maintenance prédictive et donc les coûts opérationnels associés. «
Pour des structures très onéreuses et peu accessibles comme les éoliennes flottantes offshore, ces informations sont essentielles pour maîtriser les coûts d’exploitation », indique Alexandre Paléologue. Une
quinzaine de structures dans le monde sont aujourd’hui équipées des capteurs de la start-up et six jumeaux numériques sont opérationnels sur des écluses et éoliennes.
Monopile d’éolienne offshore © Morphosense
Technologie
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Un réseau de capteurs (accéléromètres, gyromètres, magnétomètres) installé sur l’infrastructure (entre 8 et 20 capteurs, selon les dimensions de la structure)
- Des algorithmes d’intelligence artificielle
- Un jumeau numérique de l’installation.
Marchés
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Génie civil (ouvrages d’art, bâtiments)
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Eolien
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Maritime (stations pétrolières et gazières offshore, transport)
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Hydraulique (barrages, écluses)
En France, Europe et à l’international.
Dates clés
- 2016 : Création de la start-up
- 2017 : Première prestation (Tour Eiffel)
- 2018-2019 : Levée de fonds de 3 millions d’euros 2018 : Commercialisation des capteurs
- 2020 : Premier jumeau numérique (celui d’une écluse)
Cet article est extrait des Défis du CEA n°249