Après avoir été acquis par l’entreprise commune EuroHPC, le futur supercalculateur européen Exascale sera donc hébergé fin 2025 au Très Grand Centre de calcul (TGCC) du CEA. Il bénéficiera de l'expertise de la division Calcul Haute Performance (HPC) de ce dernier dans l'exploitation de systèmes à grande échelle comme Joliot-Curie (GENCI, pour la recherche ouverte) et Topaze (CCRT, Centre de Calcul Recherche et Technologie, pour la recherche industrielle).
L'objectif principal du consortium Jules Verne est de déployer un supercalculateur Exascale de classe mondiale, basé sur des technologies matérielles et logicielles européennes. Il permettra de répondre aux grands défis sociétaux et scientifiques via la convergence à l'échelle des simulations numériques, l'analyse de données massives et l'intelligence artificielle.
En effet, ce projet répond à des enjeux sociétaux et globaux majeurs correspondant aux stratégies nationales des Pays-Bas et de la France, notamment dans le cadre de France 2030 pour cette dernière.
Le supercalculateur agira comme un accélérateur souverain :
- dans la modélisation plus fine des effets du changement climatique,
- dans le développement de nouveaux matériaux, d’énergies et de solutions pour la mobilité décarbonées,
- dans la création de jumeaux numériques du corps humain permettant la médecine personnalisée
- ou encore dans l’entraînement de la prochaine génération d'IA générative ou de modèles multimodaux.
Il abordera également les défis liés à l'explosion des données générées par les instruments scientifiques (tels que les télescopes, les satellites, les séquenceurs, les microscopes, les réseaux de capteurs...), par les dispositifs IoT/Internet ou par les grandes simulations multi-numériques. Cette avalanche de données rend l'utilisation de ces supercalculateurs cruciale pour la science, l'industrie et les décideurs, afin de traiter ces données dans des délais compétitifs et de la manière la plus efficace possible sur le plan énergétique.
Après le déploiement des systèmes EuroHPC tels que JUPITER (en Allemagne), premier système Exascale en Europe en 2024, Jules Verne fournira aux chercheurs européens, français et néerlandais une capacité de calcul sans précédent de plus de 1 Exaflop/s - un milliard de milliards ("1" suivi de 18 zéros) d’opérations par seconde, équivalent à plus de 5 millions d'ordinateurs portables modernes, et plus de 300 PB de stockage au démarrage.
Le concept du supercalculateur est basé sur une architecture modulaire et économe en énergie offrant plusieurs partitions de calcul, de pré/post-traitement et de service fédérées par une interconnexion interne à grande vitesse, partageant l'accès à une architecture de stockage centrée sur les données et gérée par un système unifié d'administration et de gestion des ressources. Tirant parti des initiatives françaises et européennes en cours, le supercalculateur intégrera également des partitions expérimentales de calcul quantique hybride et pourra intégrer de nouvelles technologies souveraines européennes, ouvrant la voie aux architectures post-Exascale.
Architecture générale du supercalculateur Exascale proposé © CEA/Genci
Au-delà de la machine elle-même, le consortium Jules Verne, en relation avec d'autres consortiums EuroHPC, fournira un support aux chercheurs européens pour le portage et l'optimisation de leurs applications sur le supercalculateur, ainsi que pour la formation. Dans cette perspective, le consortium Jules Verne collaborera avec tous les centres d'excellence européens (CoE) et les utilisateurs finaux en vue de la mise en place du système. Il a déjà établi des relations avec des projets nationaux de R&D Exascale (comme le programme de recherche France 2030 NumPEx). Pour rappel, le programme NumPEx vise à concevoir et développer des composants logiciels qui équiperont les futures machines Exascale et à préparer les grands domaines d'applications scientifiques et industrielles pour exploiter pleinement les capacités de ces machines. Le programme NumPEx dispose d'un budget de 40,8 M€ sur 5 ans.
Le coût total de l'acquisition et de l'exploitation du supercalculateur pendant 5 ans s'élève à 542 millions d'euros. Sur ce total, 271 millions d'euros sont apportés par EuroHPC JU, 8 millions d'euros par le Ministère néerlandais de la Culture, de l'Education et des Sciences et 263 millions d'euros apportés par le Gouvernement français. L'ONERA et l'IFPEN ont exprimé leur intention de rejoindre la partie française du consortium ouvrant la voie à d'autres instituts de recherche et à des industriels français.
Au-delà de la France et des Pays-Bas, le consortium Jules Verne est prêt à accueillir d'autres pays, en tant que partenaires partageant la même vision au service de la science, de l'innovation et des technologies souveraines.