Le Soleil n’a jamais été photographié d’aussi près : la sonde Solar Orbiter, lancée en février, s’est approchée à 77 millions de kilomètres de la surface du Soleil (soit environ la moitié de la distance entre le Soleil et la Terre) lors de son premier périhélie. Elle en délivre aujourd'hui ses premiers clichés.
La sonde finira par se rapprocher beaucoup plus du Soleil ; elle est pour l’instant en phase de croisière et ajuste progressivement son orbite autour de l'astre. Lorsque la sonde sera dans sa phase scientifique, qui commencera fin 2021, elle se rapprochera au plus près à 42 millions de kilomètres de la surface du Soleil, à l’intérieur de l’orbite de Mercure. Les opérateurs de la sonde inclineront progressivement l’orbite de Solar Orbiter pour permettre à la sonde d’observer correctement pour la première fois les pôles du Soleil.
Lors de ce premier passage proche du Soleil, seuls 3 instruments d’imagerie, en UV et visible, ont pu révéler après 2 semaines de données, des images. Les autres instrument d’imagerie nécessitent plus de temps d’analyse.
Ces premières images de Solar Orbiter ont révélé des éruptions solaires « miniatures » omniprésentes, appelées "feux de camp", près de la surface de notre étoile la plus proche, des phénomènes qui n'étaient pas observables en détail auparavant.
En se rapprochant de l'astre, la sonde permettra de mieux caractériser ses phénomènes éruptifs et de comprendre comment celui-ci contrôle son environnement et le milieu magnétique interplanétaire. Dédiée à la physique solaire et héliosphérique, cette mission européenne de l’ESA, avec une forte contribution de la NASA a pour objectifs d’explorer le vent solaire et de comprendre l’activité de notre étoile.
Durant la phase de recette en vol, les instruments et sous-ensembles développés par la communauté scientifique française ont démontré leur bon fonctionnement. Le CNES est responsable de l’ensemble de la contribution française, développée en partenariat avec les laboratoires du CNRS et du CEA, de l’Observatoire de Paris-PSL, des universités et écoles.
Du côté CEA, les équipes de l'
Irfu (Institut de recherche sur les lois fondamentales de l'Univers) ont conçu et réalisé les détecteurs du plan focal de l'instrument STIX (
Spectrometer/Telescope for imaging X-Rays), un téléscope qui fournira des images et des spectres des éruptions solaires en rayons x.
La mesure du rayonnement X (issus des électrons) par STIX permet d’obtenir des informations cruciales pour les autres instruments de Solar Orbiter (en particulier RPW et EPD) sur le « timing » de l’accélération des faisceaux d’électrons au soleil, sur la localisation de cette accélération à la surface du soleil et sur l’intensité et le spectre des électrons accélérés. L
'équipe STIX a eu la chance d'observer une éruption solaire le 7 juin 2020 permettant de tester correctement presque tous les aspects du fonctionnement de STIX.
Solar Orbiter sera ainsi le premier satellite à :
prendre des images du Soleil à haute résolution spatiale, au plus près de l’astre ;
réaliser les premières images des pôles du Soleil grâce à l’inclinaison de son orbite ;
relier les mesures in situ aux phénomènes solaires observés avec les instruments de télédétection.
Par ailleurs, Solar Orbiter pourra observer pendant plusieurs jours la même région de l'atmoshpère solaire.