Mycobacterium tuberculosis (M. tuberculosis)
est responsable de la grande majorité des cas de tuberculose. Environ
un tiers de la population mondiale est infectée par ce micro-organisme.
En 2011, la tuberculose a fait 1,4 millions de victimes et ce chiffre
pourrait augmenter en raison de l’émergence de souches multi-résistantes
aux antibiotiques. D’autant plus que le seul vaccin disponible, le BCG,
n’est que partiellement efficace et protège les adultes dans un cas sur
deux seulement. En France, on compte environ 5000 nouveaux cas et 650
décès chaque année, l’Ile-de-France étant 2 à 4 fois plus touchée en
terme d’incidence que le reste du territoire. Les personnes au système
immunitaire fragile sont les plus vulnérables. Parmi les sous-espèces de
bacilles tuberculeux capables de provoquer la tuberculose chez l'homme,
la plus répandue et la plus pathogène est de loin M. tuberculosis.
Les
équipes de Roland Brosch[1], à l’Institut Pasteur à Paris et de Philip
Supply[2], à l’Institut Pasteur de Lille, en collaboration avec le
CEA-Genoscope et le Sanger Institute, sont parvenues à retracer
l’histoire évolutive de M. tuberculosis. Leur étude a permis de confirmer l'hypothèse de précédents travaux suggérant que les souches de M. tuberculosis, génétiquement très conservées, sont issues d'une branche évolutive commune aux souches de Mycobacterium canettii (M. canettii).
Ces dernières, qui entraînent également la tuberculose, présentent une
très large diversité génétique et certaines caractéristiques de leurs
génomes indiquent qu'elles sont d’une origine beaucoup plus ancienne.
Les scientifiques fournissent également des indications possibles sur
les facteurs qui ont contribué au succès évolutif de M. tuberculosis, qui a fait de la tuberculose une pandémie mondiale, alors que les souches de M. canettii sont restées majoritairement cantonnées dans les régions de l'Est de l'Afrique.
[1] Responsable de l’Unité de Pathogénomique mycobactérienne intégrée
[2] Directeur de Recherche CNRS au Centre d’Infection et d’Immunologie de Lille (Institut Pasteur de Lille, Inserm U1019, CNRS, Université Lille 2)
L’équipe de chercheurs, menée par Philip Supply et Roland Brosch, suggère notamment que les souches de M. tuberculosis
ont acquis leur virulence et leur persistance par une combinaison de
plusieurs mécanismes génétiques, tels que : une perte de fonction de
certains gènes ou encore l’acquisition de nouveaux gènes par transfert
horizontal. Grâce à l’identification de gènes possiblement impliqués
chez M. tuberculosis, l’ensemble de ces travaux ouvre des
perspectives pour la lutte contre la tuberculose, dont l’OMS a fait
l’une de ses priorités.