Le contrôle cognitif est un élément fondamental de l’intelligence et
de la capacité d’apprentissage. Cette faculté permet, lorsque l’individu
est confronté à un problème, de détecter les conflits cognitifs afin
d’inhiber les mauvaises stratégies de résolution et privilégier la
bonne. L’une des régions du cerveau où s’effectue ce contrôle cognitif
est le cortex cingulaire situé sur la face interne du cortex, entre les
deux hémisphères cérébraux. Les chercheurs se sont intéressés à
l’anatomie de cette région chez des enfants de 5 ans, âge durant lequel
le cerveau est en plein développement.
Dans un premier temps, les
chercheurs ont réalisé sur un groupe d’une vingtaine d’enfants d’une
même classe une IRM anatomique permettant d’observer les circonvolutions
du cortex cingulaire. Celui-ci peut adopter deux configurations : une
forme simple, avec un seul sillon, ou une forme double, avec deux
sillons parallèles. Certains enfants présentent la même conformation
dans les deux hémisphères tandis que d’autres présentent des hémisphères
asymétriques pour ce motif particulier.
Ensuite, en salle de
classe, les chercheurs ont montré aux enfants des images d’animaux. Sur
certaines, le corps et la tête correspondaient à des animaux différents.
Les enfants devaient dire à quel animal appartenait le corps. Ces
images créaient un conflit cognitif que les enfants devaient résoudre.
En effet, les enfants se basent impulsivement sur la forme de la tête
pour identifier l’animal.
Les chercheurs ont mesuré le temps de
réponse pour chaque enfant, ainsi que le nombre de bonnes réponses. Ils
ont ainsi observé que les enfants dont les deux hémisphères étaient
asymétriques au niveau du cortex cingulaire avaient de meilleurs
résultats sur cette tâche et, par conséquent, présentaient une plus
grande capacité de contrôle cognitif. L’explication formulée par les
chercheurs, et qu’ils espèrent à présent tester, est que l’asymétrie des
hémisphères droit et gauche correspond à une plus grande latéralisation
et donc à une plus grande spécialisation de chacun d’entre eux. Ceci
entraînerait une capacité accrue pour résoudre ce type de tâche. Ces
caractéristiques anatomiques n’ont rien de déterministe vis-à-vis du
contrôle cognitif des enfants, et encore moins vis-à-vis de
l’intelligence. D’après les chercheurs, environ 20% de la variabilité
entre individus, pour le contrôle cognitif, est expliquée par ces
facteurs anatomiques. Les 80% restants sont dus à divers facteurs
environnementaux tels que l’éducation ou des éléments socioéconomiques.
Néanmoins,
ces résultats montrent que selon les caractéristiques de leur cerveau,
les enfants peuvent avoir des besoins pédagogiques différents en matière
d’apprentissage du contrôle cognitif. Contrôle cognitif qui peut être
amélioré grâce à un entraînement spécifique. Ainsi, c’est un champ
scientifique nouveau qui s’ouvre, à l’interface de l’anatomie cérébrale,
de la psychologie du développement cognitif et de l’éducation.