La stratégie thérapeutique innovante, mise au
point par les chercheurs du CEA-iMETI et les biologistes intégrateurs de
Bio-Modeling Systems, est basée sur l’inhibition de protéines, les
connexines, impliquées dans de nombreuses jonctions cellulaires. «
Cette stratégie avait pour cible initiale les maladies
neuro-dégénératives liées aux prions comme la maladie de
Creutzfeldt-Jakob, les résultats obtenus ont permis d'aboutir à un
concept beaucoup plus large, applicable à de nombreux champs de la
psychiatrie », précise Jean-Philippe Deslys, chef de service au CEA-iMETI. La modélisation informatique in silico
heuristique[1] à partir de la plateforme CADI™, et les recherches
menées au CEA-iMETI, ont permis d’identifier les connexines,
responsables de la communication neuro-gliale, comme acteurs majeurs du
processus pathologique. Ces recherches ont également permis d’identifier
les molécules capables de moduler l’action des connexines, grâce au
criblage d’une large banque de données moléculaires existantes. « En
2005, nous avons réalisé une 1ère mondiale dans la biologie des
systèmes. C’était un défi pour notre jeune société BMSystems. Le CEA l’a
relevé et en validant notre approche nous avons construit le 1er modèle
heuristique in silico d’une maladie humaine complexe », rappelle François Iris, Directeur scientifique de BMSystems. « Le
CEA avec sa stratégie de valorisation nous a apporté ainsi la meilleure
des preuves de concept industriel que nous pouvions espérer » souligne Manuel Gea, Directeur Général de BMSystems. « Ces
recherches menées en commun par BMSystems et les chercheurs du CEA ont
débouché sur une valorisation à la fois par la prise de brevets et la
création d’une start-up. Cette collaboration exemplaire s’est mise en
place grâce à l’écosystème créé par le pôle de compétitivité francilien
Medicen Paris-Région et illustre la capacité du CEA à créer de
l’activité économique », précise Pierre Chagvardieff, représentant du CEA dans le pôle Medicen.
[1] Méthode d’analyse qui ne repose pas sur l’utilisation d’algorithmes, donc pas mathématique, mais sur l’étude et comparaisons avec des cas précédemment rencontrés.
[2] C’est-à-dire le nombre de personnes atteintes par des maladies mentales dans un temps donné et dans une population donnée.
La santé mentale : enjeu majeur de santé publique.
Selon l’OMS, les maladies mentales se classent au troisième rang des
maladies en termes de prévalence[2] et sont responsables du quart des
invalidités. La France arrive en tête des pays consommateurs de
psychotropes en Europe avec environ 18% de la population qui déclare
avoir consommé au moins un médicament psychotrope au cours de l’année,
selon l’enquête 2010 du Baromètre santé de l’Institut National de
Prévention et d’Education pour la Santé (INPES). Or ces classes de
molécules présentent des effets secondaires parfois très handicapants :
anxiété, prise de poids, troubles de la sexualité… et entrainent souvent
une dépendance. C’est le cas, par exemple dans 50% des traitements à
base de benzodiazépine (Rapport Inserm 2012). L’institut thématique
multi-organismes dédié à la santé publique de l’Alliance nationale pour
les sciences de la vie et de la santé (AVIESAN), qui a pour objectif de
coordonner l’activité des équipes de recherche dans ce domaine, met
l’accent sur la mise au point de concepts novateurs des stratégies
thérapeutiques. Une forte demande existe également sur la régulation de
la prescription de médicaments psychotropes.