L’objectif de l’analyse était de comparer les sorties de différent types de modèles écologiques et de les combiner afin d’avoir des scenarii plus fiables. L’étude a porté sur une sélection de cinq essences forestières dominantes en France. En général, les auteurs montrent que les arbres des plaines de l'ouest, du sud-ouest et du centre de la France seront les plus fortement touchés d'ici 2050.
Le changement climatique compromettra l'avenir de certaines essences
d'arbre en plaine, comme le pin sylvestre. Ces résultats viennent d’être
publiés dans la revue Ecology Letters.
Le changement
climatique n'est pas sans effets positifs sur les arbres. La croissance
de certaines essences, comme le hêtre, pourrait être stimulée dans le
nord, l'est et en montagne. Plus généralement, les modèles prévoient que toutes les espèces d'arbres étudiées progresseront en altitude, et que le chêne vert trouvera des climats favorables bien au nord de la région Méditerranéenne d'ici 2050.
L'utilisation
d'une grande gamme de modèles, allant de modèles statistiques à des
modèles complexes de croissance des arbres, a permis d'identifier des
incertitudes dans les prévisions. Ainsi, il est difficile de
prédire l'impact du changement climatique sans une meilleure
connaissance des effets directs de l'augmentation de la teneur en CO2
atmosphérique sur la végétation. Par exemple, les fortes teneurs en CO2
peuvent protéger les arbres contre la sécheresse.
En dépit de ces incertitudes, la plupart des modèles prévoient un recul des espèces de climat tempéré en plaine.
Cela concerne plus précisément les essences telles que le hêtre ou le
chêne sessile dans les plaines de l'ouest, du sud-ouest et du centre.
Ces résultats sont en accord avec d'autres projets de recherche comme «
Dryade » qui ont montré que les sécheresses extrêmes ou à répétition,
comme celles prévues à l'avenir, ont déjà augmenté la vulnérabilité et
la mortalité des arbres.
Les résultats de ces travaux accomplis au sein du projet QDIV,
soutenus par l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) et le GIS "Climat,
Environnement, Société" ouvrent de nouvelles perspectives dans la
recherche sur les effets du changement climatique sur la végétation. En
effet, ils montrent le besoin de combiner plusieurs modèles écologiques de distribution d’espèce, comme le font les climatologues sur les modèles de climat, afin de comprendre leurs incertitudes, mais aussi leurs qualités.
Que faire face à de tels scénarii ? Avec cette nouvelle étude, les scientifiques apportent des informations aux gestionnaires des forêts leur permettant d’anticiper les évolutions à venir. Ces derniers se préparent déjà au changement climatique, en mettant en place différentes stratégies.
Certaines consistent à favoriser les espèces plus résistantes à la
chaleur et à la sécheresse aux dépens d'espèces plus vulnérables comme
le pin sylvestre. Dans d'autres cas, la meilleure stratégie consiste à
améliorer la résilience des forêts — par exemple en renforçant la
diversité spécifique et génétique, ou en atténuant la sécheresse par une
sylviculture plus économe en eau — pour faire face à un avenir
incertain.