Les effets provoqués par un déploiement massif des installations de
production d’énergie éolienne (souvent appelées fermes éoliennes)
n’avaient pas encore été bien quantifiés jusqu’à présent. Toutefois, en
s’appuyant sur des scénarios idéalisés de déploiement de fermes
éoliennes géantes, plusieurs études récentes avaient révélé que la
circulation atmosphérique pouvait être modifiée, tout comme les
températures et les précipitations. A proximité de telles fermes, une
augmentation significative des températures, en particulier la nuit,
avait été observée. Il s’avère que durant la nuit, les éoliennes
brassent davantage l’atmosphère que pendant la journée, ce qui limite le
refroidissement près du sol. Pourtant, aucune étude n’avait pour
l’instant tenté de quantifier l’effet climatique d’un scénario réaliste
de développement de la production éolienne à l’échelle d’un continent.
En Europe, cette question est particulièrement importante car
conformément aux engagements des pays européens, la production d’énergie
éolienne devrait doubler entre 2012 et 2020.
Dans cette étude,
les scientifiques ont comparé des simulations climatiques réalisées sans
et avec l’effet des éoliennes, selon une hypothèse réaliste de
déploiement de ce type de production en 2020 sur l’ensemble du continent
européen (les puissances considérées sont de 200 gigawatts installés en
2020). Principale conclusion, les différences introduites par les
éoliennes restent très faibles par rapport à la variabilité naturelle du
climat : dans certaines régions, cette différence atteint au maximum
0,3°C en température et on observe une baisse de quelques pourcents des
cumuls de précipitations saisonnières (ces valeurs étant uniquement
significatives en hiver).
Ces légères différences proviendraient
en partie de la superposition d’effets locaux dans les régions fortement
couvertes en éoliennes et d’une légère rotation des vents d’ouest vers
le Nord sur l’Europe de l’Ouest. Mais elles restent nettement plus
faibles que les différences typiques de températures ou de
précipitations d’un hiver à l’autre, et leurs implications sur
l’énergétique globale de la terre sont bien moindres que celle du
changement climatique dû à l’augmentation des gaz à effet de serre.
Dans
ce contexte, il est nécessaire de produire de nouvelles études
utilisant d’autres modèles et différents scénarios de développement de
production d’énergie éolienne pour déterminer précisément quelles seront
les conséquences d’un déploiement encore plus massif de l’éolien à
l’horizon 2050. Une question essentielle sera d’évaluer les effets d’un
doublement voire d’un triplement des puissances étudiées ici, s’agissant
de l’ordre de grandeur envisageable dans les quarante prochaines
années.
Cette étude a été rendue possible grâce aux soutiens du projet DSM-Energie du CEA et du projet européen FP7 IMPACT2C.