La maladie d'Alzheimer touche environ un million de personnes en France. Cette pathologie neurodégénérative, pour laquelle aucun traitement curatif n'existe, est hétérogène au niveau de son origine, son évolution clinique et ses lésions. Elle se manifeste par la présence de dépôts de protéines amyloïde-β (Aβ) dans le cerveau, entraînant in fine l'accumulation de protéines tau anormales, une perte de synapses et à terme, des altérations de la mémoire.
Plusieurs études ont établi que la protéine amyloïde-β pourrait jouer un rôle analogue à celui de la protéine prion (de forme anormale) dans les maladies neurodégénératives à prions. De même qu'elle pourrait favoriser la formation des dépôts Aβ de proche en proche et amplifier ainsi la maladie selon un mécanisme prion like, de même l'administration intracérébrale de protéines Aβ (pseudo-prions) pourrait induire une pathologie amyloïde-β.
Des Islandais épargnés par la maladie d'Alzheimer
Or il a été observé chez des Islandais une mutation génétique associée à la production d'une forme très rare d'Aβ appelée Aβice. De façon très surprenante, ces personnes bénéficient de meilleures facultés cognitives que les autres lorsqu'elles vieillissent et sont épargnées par la maladie d'Alzheimer.
Pour percer le mystère de cette protection, des chercheurs de l'Institut Jacob ont étudié l'effet d'une seule injection intracérébrale de Aβice à des souris modèles de la maladie d'Alzheimer.
Ils observent qu'après plusieurs mois, elles restent asymptomatiques au lieu de développer la maladie. La formation des agrégats de protéines tau est ralentie, la destruction des synapses par les cellules de l'inflammation est réduite et les troubles cognitifs sont minorés. Les mécanismes associés à la transmission des peptides Aβice jouent donc un rôle protecteur contre la maladie dAlzheimer.
Plus généralement, alors que l'hypothèse pseudo-prion de la maladie d'Alzheimer suggère que les protéines Aβ peuvent amplifier un processus pathologique, les scientifiques montrent ici que les pseudo-prions peuvent également être protecteurs, ce qui ouvre la voie à de nouvelles thérapies contre les maladies neurodégénératives.