La glycosylation est un processus cellulaire complexe au cours duquel des sucres (monosaccharides) sont ajoutés à une protéine qui devient alors une glycoprotéine. Très conservée au cours de l'évolution, elle est universelle chez les organismes eucaryotes.
On estime qu'environ un à deux pour cent du génome humain code pour les enzymes impliquées dans l'assemblage des glycoprotéines. Des mutations de ces gènes peuvent perturber cette machinerie cellulaire et entraîner des maladies génétiques, généralement récessives, appelées anomalies congénitales de la glycosylation ou CDG (Congenital Disorders of Glycosylation).
Ces pathologies rares sont à l'origine de signes cliniques hétérogènes et peu spécifiques comme des atteintes neurologiques, des anomalies cutanées, des troubles de la coagulation ou une maladie hépatique.
Aujourd'hui, le diagnostic des CDG repose principalement sur la mise en évidence d'anomalies de glycosylation des glycoprotéines sériques, souvent à la suite de l'identification de mutations par séquençage génétique.
Grâce à un panel méthodologique allant de l'électrophorèse à la spectrométrie de masse, les chercheurs de Joliot et de l'AP-HP ont pu mettre en évidence des défauts particuliers de la glycosylation dans des échantillons de sérum de patients présentant :
- une déficience inexpliquée de facteurs pro- et anticoagulants,
- une déficience intellectuelle et un retard de développement.
La glycosylation des protéines sériques (glycome) a été étudiée par spectrométrie de masse à Joliot et par différentes techniques électrophorétiques à l'hôpital Bichat. Des biomarqueurs sanguins à fort potentiel diagnostique ont pu être identifiés pour trois CDG : le MAN1B1-CDG, le très rare COG4-CDG et le SLC37A4-CDG de transmission dominante.
D'un point de vue plus fondamental, l'identification de ces biomarqueurs a également permis d'avancer dans la compréhension de la pathogenèse de certaines de ces maladies.