La maladie d'Alzheimer touche directement un million de personnes en France. Elle résulte d'une lente dégénérescence des neurones, qui se propage pour affecter l'ensemble du cerveau, induite par deux lésions microscopiques : l'amylose - ou plaques amyloïdes - et la tauopathie. Les plaques amyloïdes sont des agrégations de protéines β-amyloïdes à l'extérieur des neurones, la tauopathie correspond à l'accumulation de protéines Tau dans les neurones. La maladie est liée au vieillissement du cerveau, parfois associé à des prédispositions génétiques ou des facteurs environnementaux. La cascade d'événements se déroulant lors de cette pathologie reste toutefois mal connue.
Certaines maladies neurodégénératives, comme Alzheimer, Parkinson et Huntington, sont suspectées de se comporter comme les maladies à prions (de type Creutzfeld-Jacob) : au cours des maladies à prions, des protéines prions pathogènes transmettent leur forme anormale à des protéines prions saines, propageant ainsi la dégénérescence des neurones dans le cerveau. Cette « hypothèse prion » des maladies neurodégénératives, suggérée par certaines études épidémiologiques dans le cas d'Alzheimer, est actuellement scrutée par la communauté scientifique.
Plaques amyloïdes
© CEA/M. Dhenain/MIRCen
Récemment parue dans Acta Neuropathologica Communications, l'étude de l'Institut de biologie François Jacob constitue la première démonstration expérimentale de l'induction de signes cliniques associés à un processus neurodégénératif, par inoculation d'échantillons lésés d'un cerveau à un autre (ici de l'Homme à un primate non-humain). La transmission des lésions de la maladie d'Alzheimer, décrite dans cette étude, suggère que les protéines β-amyloïdes et Tau se comportent bien comme des prions pathogènes.
Ces résultats renforcent donc « l'hypothèse prion » pour cette maladie, apportant un nouveau regard sur cette pathologie, et ouvrant la voie vers l'exploration de nouveaux mécanismes qui permettront de comprendre les causes des pertes neuronales et des pertes de la mémoire.
Pour mener ce type d'études sur les maladies neurodégénératives, les chercheurs ont recours à des banques d'échantillons (neuro-CEB) prélevés sur des patients décédés de la pathologie. L'équipe de l'Institut de biologie François Jacob a démontré que l'inoculation d'un extrait de ces échantillons chez un modèle animal sain provoque, à terme, des troubles de la mémoire, une perte des neurones et de leur capacité à communiquer entre eux, une réduction de la taille du cerveau et enfin la survenance des lésions caractéristiques de la maladie d'Alzheimer : l'amylose et la tauopathie.