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Comment les anomalies météos influencent les émissions de CO2


​Les anomalies saisonnières, telles que la douceur de l’hiver et l’automne 2014 en France ou les faibles chaleurs de l’été 2014 au Japon, ont une influence non négligeable sur le bilan des émissions de CO2 des pays. Si, sur le long terme, l’activité économique d’un pays est le premier facteur impactant les évolutions des émissions de CO2, les chercheurs montrent que les anomalies météorologiques inter-annuelles ont aussi un effet mesurable sur les émissions d’un grand nombre de pays, en lien avec les besoins en chauffage et en climatisation. Cet impact est particulièrement important pour les pays de l’Europe de l’Ouest (France, Allemagne, Angleterre, Pologne…), et atteint typiquement 1 kg de CO2 émis par degré de chauffage supplémentaire, par jour et par personne. L’étude, menée par un trio de chercheurs du LSCE (CEA/CNRS/UVSQ, Université Paris Saclay), de l’IPSL (CNRS/UPMC) et du MEEM, est parue cette semaine sur le site d’Environment Research Letters.

Publié le 31 mars 2017
Pour évaluer l’impact du climat sur les émissions de CO2, les chercheurs ont étudié les variations de ces émissions sur un grand nombre de pays entre 1990 et 2015. Ils ont séparé avec des méthodes statistiques les effets de l‘activité économique (PIB et efficacité énergétique) de ceux du climat. La douceur de l’hiver et l’automne 2014 a ainsi contribué à la baisse exceptionnelle des émissions de CO2 en France cette année-là (de l’ordre de – 6 %), du fait d’un besoin de chauffage moindre. Le même impact est observé sur l’été 2014 au Japon, moins chaud, et limitant les recours à la climatisation. L’impact de tels événements a été chiffré à environ 1 kg CO2 / °C supplémentaire de chauffage, par jour et par personne.

À l’échelle mondiale, ces variations d’émissions de CO2 liées à des anomalies climatiques saisonnières se compensent partiellement entre pays, mais restent néanmoins perceptibles. Ainsi, la faible hausse des émissions en 2014 au niveau mondial (qui fut une relative surprise compte tenu de la croissance soutenue de l’activité économique) peut être en partie expliquée par la météorologie particulière de cette année-là, en comparaison aux années précédentes.
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Variations des émissions mondiales d’une année à l’autre (en %), et composantes explicatives. Ce résultat est obtenu par agrégation des composantes nationales. © FMBreon - LSCE (CEA/CNRS/UVSQ)

A contrario, les effets météorologiques ne suffisent pas à expliquer la stabilisation des émissions mondiales en 2015, en rupture avec leur augmentation constante observée depuis le début des années 1990. Une telle stagnation n'avait été mesurée qu'à l'occasion de la crise économique de 2008-2009.

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En haut : Variations des émissions de CO2 entre 1990 et 2015, selon l’activité économique et les anomalies climatiques. On voit par exemple que sur les années récentes, les émissions de la France (noir) ont une tendance à la baisse grâce à la diminution de l’intensité énergétique (vert), mais avec des variations inter-annuelles qui suivent les besoins en chauffage (rouge). noir : quantité de CO2 émis ; rose : PIB ; vert : quantité de CO2 émis par unité de PIB; rouge : besoin en chauffage ; bleu : besoin en climatisation. En bas : Variations des émissions d’une année à l’autre (en %), et composantes explicatives. Pour la plupart des pays et sur le long terme, la croissance de l’économie (PIB – barre grise) est positive et conduit à une augmentation des émissions, compensée par une diminution de l’intensité CO2 de l'économie, c’est-à-dire la quantité de CO2 émis pour un point de PIB (barre verte). D’une année sur l’autre, les besoins en chauffage (rouge) et climatisation (bleu) peuvent augmenter ou diminuer fortement, avec un impact sur le taux de croissance des émissions. Reprenant l’exemple de l’hiver 2014 en France : on voit une forte diminution des besoins de chauffage par rapport à 2013, couplée à une faible croissance économique. La baisse du besoin de chauffage avait été encore plus prononcée entre 2010 et 2011, avec cependant une croissance économique plus importante. © FMBreon - LSCE (CEA/CNRS/UVSQ) © © FMBreon - LSCE (CEA/CNRS/UVSQ)


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