Un
arrêt non planifié, depuis novembre 2012,
du réacteur HFR (Pays-Bas), principal fournisseur de radioéléments (REA) à usage médical en Europe et en France,
a conduit les autres réacteurs de recherche européens producteurs de REA à modifier leur planning de fonctionnement, afin d’éviter une rupture d’approvisionnement en Technétium 99m, radioélément le plus utilisé dans le domaine du diagnostic médical. Le réacteur canadien NRU, autre fournisseur majeur de radio-isotopes à usage médical, étant lui en arrêt programmé du 15 avril au 15 mai, un risque de pénurie de scintigraphies au Technétium 99m existait au niveau mondial.
Dans ce cadre, la
Direction de l’énergie nucléaire (DEN) du CEA a décidé de
modifier le planning de fonctionnement de son réacteur Osiris. Notamment, le calendrier de travaux de maintenance initialement prévu sur Osiris dès fin avril 2013 a été décalé d’un mois, afin de pouvoir réaliser un
cycle d’irradiation supplémentaire
au mois de mai. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la
coordination européenne des producteurs de radio-isotopes, réalisée sous l’égide de l’AIPES (Association of Imaging Producers & Equipment Suppliers).
Vue du coeur du réacteur Osiris. La réaction nucléaire est caractérisée par la lueur bleutée dûe à l'effet Cerenkov. © L.Godart/CEA
Ainsi,
sur les 5 premiers mois de 2013, Osiris a irradié pour le compte de l’IRE (Institut National des Radioéléments, Belgique) un nombre record de cibles d’uranium dont est extrait le Molybdène 99, précurseur du Technétium 99m : plus de 300 cibles, soit autant que le volume annuel habituel d’irradiations, permettant de réaliser 1,2 million d’examens. Sur la seule période de mai 2013, 80 cibles ont été irradiées, correspondant à environ
300 000 examens médicaux.
Cet effort de production ainsi que la coordination avec les autres réacteurs, BR2 (Belgique), MARIA (Pologne) et LVR-15 (République Tchèque), ont permis d’assurer la livraison ininterrompue des hôpitaux européens.
Osiris, en arrêt prolongé pour travaux de maintenance à partir de fin mai, reprendra son rythme de production habituel dès son redémarrage en novembre 2013.
A propos du Technétium 99m
Le Technétium 99m est un radioélément artificiel (REA) utilisé dans plus de 80 % des scintigraphies réalisées dans les services de médecine nucléaire. Les domaines visés sont la cancérologie, les maladies infectieuses, la cardiologie, les fractures osseuses… On estime à 8 millions le nombre d’examens réalisés annuellement en Europe à l’aide de ce radioélément, dont près d’un million en France. Le processus de production s’effectue en 3 étapes :
• Irradiation de « cibles » d’uranium en réacteur ;
• Transport et récupération des cibles irradiées pour extraction du Molybdène 99 (produit de fission de l’uranium) ;
• Transport et conditionnement du Molybdène 99 en générateurs de Technétium 99m et distribution aux hôpitaux.
Le temps nécessaire pour l’ensemble de ces tâches de production/distribution est de 10 jours.