Les chercheurs viennent de produire une première estimation de la baisse des émissions de CO2 en raison de la crise sanitaire de janvier à mai 2020. Pour cela, ils se sont appuyés sur des données, souvent en temps réel, des principaux secteurs émetteurs (centrales électriques, usines de ciment, sidérurgie et autres industries lourdes, trafic routier dans toutes les régions du monde avec des données de mobilité, notamment sur plus de 400 villes, comptages des vols du trafic aérien, secteur maritime, bâtiments résidentiels et commerciaux).
Selon leurs estimations, les contributions à la baisse des émissions entre le 1er janvier et le 1er avril 2020 (par rapport à la même période en 2019) sont les suivantes, par ordre d'importance décroissante :
- les activités industrielles ralenties, en particulier dans les pays émergents, avec 157,9 millions de tonnes évitées, soit 7,1 % de moins qu'en 2019,
- les transports routiers, avec 145,7 millions de tonnes émises en mois, soit 8,3 % de moins qu'en 2019,
- la génération d'électricité, avec 131,6 millions de tonnes évitées, soit 3,8 % seulement de moins qu'en 2019,
- le chauffage résidentiel, avec 47,8 millions de tonnes évitées,
- la pêche et les transports maritimes, avec 35,5 millions de tonnes évitées, soit 13,3 % de moins qu'en 2019,
- l'aviation, avec 33,4 millions de tonnes évitées, soit 8 % de moins qu'en 2019.
Les émissions de CO2 des bâtiments résidentiels et commerciaux sont les moins bien connues car il n'existe pas de données globales sur les consommations de fuel pour différents habitats. Seul l'effet du climat sur les émissions de chauffage des bâtiments a été estimé à partir de données de température disponibles en temps réel.
Les émissions de CO2 ont baissé de 542 millions de tonnes de CO2 entre le 1er janvier et le 31 mars 2020 avec une incertitude de 20 %, soit une diminution de 5,8 % par rapport au premier trimestre 2019. Principalement en raison de la crise sanitaire, mais aussi car l'hiver 2020 a été doux, sauf au mois de mars en Europe.
Les estimations mises à jour jusqu'au 1er mai 2020 avec la même méthodologie montrent que la baisse des émissions a été encore plus forte en avril, en raison du confinement en Europe et des restrictions de mobilité en vigueur dans de nombreux autres pays : la baisse atteint 7,3 % entre le 1er janvier et le 1er mai 2020 par rapport à la même période en 2019, soit 886 millions de tonnes de CO2 évitées.
Les estimations sont détaillées pour différents pays.