Codée par quelque 3 milliards de paires de bases d'ADN, l'information génétique est protégée dans une structure complexe appelée chromatine, dont l'unité de base est constituée de protéines appelées histones.
Non seulement la chromatine protège l'ADN contre les dommages et les stress environnementaux, mais elle joue également un rôle crucial dans la régulation de la duplication de l'ADN lors de la division cellulaire et dans celle de l'expression des gènes. Elle porte en effet des marques épigénétiques, pouvant être ajoutées ou enlevées, et qui contrôlent l'expression de nombreux gènes, dont ceux impliqués dans le développement de cancers.
Des protéines spécialisées jouent ici un rôle essentiel : conservés dans tous les organismes eucaryotes, les « chaperons » d'histones facilitent l'assemblage et le désassemblage des histones sur l'ADN pour former la chromatine. Ce faisant, ils maintiennent les marques épigénétiques au bon endroit et au bon moment, afin d'éviter notamment la tumorigénèse.
En particulier, le chaperon d'histones CAF-1 (Chromatin assembly factor 1) a été identifié, il y a plus de 35 ans, en raison de sa capacité à agir au moment de la synthèse de l'ADN (lors de la division cellulaire ou de la réparation de l'ADN), mais son mode d'action précis est longtemps resté mystérieux.
En s'appuyant sur le modèle simplifié de la levure Schizosaccharomyces Pombe, les chercheurs de Joliot et leurs partenaires ont pu déterminer l'organisation spatiale de CAF-1. Elle compte à la fois des régions flexibles et des modules rigides qui autorisent des interactions multiples de CAF-1 avec ses partenaires, visant à déposer des histones sur l'ADN quand celui-ci est en cours de synthèse. Ces mécanismes contribuent à une réplication correcte de l'ADN, et donc à la stabilité du génome, ainsi qu'au maintien de régions non exprimées du génome au cours des divisions cellulaires.