Le syndrome de Sjögren est une maladie auto-immune systémique qui touche un adulte sur 2 000, dont 90% de femmes. Ses symptômes de sécheresse excessive de la sphère ORL sont la conséquence d'une infiltration des glandes lacrymales et salivaires par des cellules lymphocytaires ; infiltration qui peut s'étendre à d'autres organes comme les poumons, les reins voire les articulations et les vaisseaux sanguins. Le syndrome de Sjögren peut également être associé à d'autres pathologies auto-immunes, telles la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus. Et des complications en lymphome peuvent survenir chez 5 à 10% des patients.
Il y a une vingtaine d'années déjà que Xavier Mariette et son équipe Auto-immunité (1) étudient le rôle de la cytokine BAFF dans l'activation des lymphocytes B auto-immuns. Plus tard, ils ont découvert l'intérêt d'anticorps monoclonaux pour tuer les lymphocytes B en ciblant CD 20, une protéine présente à leur surface. « En revanche, nous avions constaté qu'un traitement anti-CD20 était insuffisant dans le cas du syndrome Sjörgen. Nos travaux démontraient que les anti-CD20 avait pour effet d'augmenter la cytokyne BAFF, ce qui relance la production de lymphocytes B auto-immuns », explique le médecin chercheur.
Une stratégie appliquée chez des patients souffrant de complications
Pour contourner cet écueil, l'équipe a décidé d'associer deux approches thérapeutiques : l'une anti-CD20 et l'autre anti-BAFF. Le choix s'est porté sur deux anticorps monoclonaux déjà commercialisés : le Rituximab, un anti-CD20 utilisé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde; et le Belimumab, un anti-BAFF prescrit contre le Lupus systémique. Cette stratégie a été expérimentée avec succès chez 80 patients atteints du syndrome de Sjögren, si bien qu'elle est aujourd'hui appliquée chez les personnes souffrant de complications systémiques graves de cette maladie, dans le centre de référence des maladies auto-immunes systémiques rares coordonné par le Pr Mariette. Les essais cliniques ont en effet montré une meilleure réponse thérapeutique ainsi qu'une meilleure déplétion des lymphocytes B présents dans les glandes salivaires, siège de l'infiltration auto-immune.
L'équipe travaille à présent au développement d'un seul médicament possédant les deux effets thérapeutiques, avec un partenaire industriel.
(1) UMR-S 1184 CEA/Inserm/UPSacaly/Hôpital Kremlin Bicêtre