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Venomics : deux toxines pour réguler certains troubles de l'alimentation?


Une collaboration européenne menée par une équipe du CEA-Joliot montre l’intérêt de créer des banques de toxines pour identifier des molécules régulant des cibles thérapeutiques, notamment pour soigner certains troubles de l’alimentation.

Publié le 21 septembre 2020
Il existerait plus de 200 000 espèces qui fabriquent un venin pour leur défense ou leur prédation. Les toxines qui entrent dans la composition de ces venins sont des peptides qui agissent sur de très nombreux processus physiologiques. Elles constituent un vivier pour développer de futures molécules à visée thérapeutique (pour soigner les douleurs, le diabète, les allergies…). Vivier d’autant plus important que les récentes avancées méthodologiques d’identifications (omiques) laissent entrevoir un nombre gigantesque de ces molécules : 40 millions alors que seules 5 000 d’entre elles ont été caractérisées sur le plan pharmacologique.

Au début des années 2010, un consortium européen, Venomics, coordonné par le CEA-Joliot et financé par l’Union européenne, s’est créé dans le but non seulement d’étudier l’énorme diversité de ces peptides par le développement des technologies omiques, mais aussi de reproduire cette diversité in vitro en générant de grandes banques de peptides combinatoires synthétiques utilisables dans les programmes de découverte de médicaments.

Par des approches de protéomique et transcriptomique, le consortium a identifié plus de 20 000 séquences de peptides de venin issus de 191 espèces différentes. Dans un deuxième temps, par deux approches complémentaires de production de peptides, une banque de 3597 toxines a été générée.

Etonnamment, les chercheurs ont montré par criblage que 8 % des toxines de cette banque semblent réguler l’activité du récepteur 4 aux mélanocortines, de la grande famille des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG). Le gène MCR4 codant ce récepteur est considéré comme la cause d’obésité monogénique la plus fréquente, ce qui en fait une cible thérapeutique pour soigner certains troubles de l’alimentation. Deux toxines, parmi les 286 de la banque régulatrices de MCR4, ont intrigué les chercheurs. Ces derniers ont en effet mis en évidence que N-TRTX-Preg1a et N-BUTX-Ptr1a n'ont pas la structure et le comportement des inhibiteurs de RCPG.

Ces travaux mettent en lumière l’intérêt d’une banque telle que Venomics pour identifier des ligands de structure et d’activité pharmacologique inhabituelles. De plus, ils ouvrent la voie au développement de nouveaux modulateurs des MCR.
 


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