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Fait marquant | Toxicologie

Les tatouages. Inertes ou non ?


​​Certains tatouages contiennent des pigments qui pourraient engendrer des complications à long terme sur la peau. Voici une méthode originale utilisant des macrophages (responsables de la persistance du tatouage) afin d'évaluer les effets des pigments à base de nanoparticules de cobalt ou de zinc.

Publié le 21 septembre 2022
Le tatouage est une pratique qui remonte à l’âge de pierre. Il consiste à injecter dans le derme des pigments non-biodégradables et persistants. Cette pratique s’est démocratisée à partir des années 1970 et le nombre d’adeptes n’a cessé de croître, avec un public de plus en plus jeune. Aujourd’hui, en Europe, environ 100 millions de personnes seraient tatouées. Les motivations peuvent être culturelles (phénomène de mode) ou médicales, servant à la dissimulation de cicatrices, à la reconstruction mammaire et au ciblage de zones à traiter par radiothérapie. La mode actuelle tend à augmenter à la fois la surface de peau tatouée et le nombre de couleurs utilisées. Cela expose donc la peau à une grande variété de substances présentes dans les pigments qui peuvent être minérales (à base de particules métalliques) ou, plus récemment, organiques (à base de colorants issus de la pétrochimie).

Les effets à court terme du tatouage, comme l’inflammation transitoire, sont très fréquents et largement documentés. En revanche, la question se pose de possibles effets à long terme, c’est-à-dire plusieurs années après avoir réalisé le tatouage. En effet, la peau est un organe qui est loin d’être inerte. Elle est ainsi susceptible de pouvoir réagir à ces substances exogènes qui, de fait, évoluent au cours d’une vie. Actuellement, il est encore difficile d’évaluer le lien entre tatouages et certaines maladies chroniques allant de la simple dermatose jusqu’à une possible plus grande sensibilité aux cancers, en passant par des maladies auto-immunes. Seuls des cas cliniques nous renseignent sur une éventuelle relation de cause à effet, sans vraiment déterminer les mécanismes qui y sont associés.
Des chercheurs de l’Irig proposent d’évaluer les effets de différents pigments ayant servi d’encre de tatouage sur les macrophages, un type cellulaire présent dans le derme et responsable de la persistance du tatouage. Ces derniers sont des cellules immunitaires qui jouent un rôle clé dans la réponse inflammatoire et le bon fonctionnement de la peau. Dans le cas du tatouage, les macrophages internalisent les particules de pigments et les immobilisent au site d’injection, ce qui induit la permanence au long cours des tatouages. Comment certains de ces pigments entrant dans la composition d’encres agissent-il sur les macrophages ? Comment ces cellules répondent à ce nouveau stress et à l’ingestion d’une grande quantité de particules qui ne sont pas naturellement présentes dans la peau ? Quels sont les effets à long terme puisque le tatouage est présent toute une vie ? Ce sont à ces questions que les chercheurs de l’Irig ont souhaité répondre en élaborant un modèle de culture cellulaire de macrophages à long terme.
Pour cela, les pigments ont d’abord été caractérisés en évaluant leur taille, leur forme, leur capacité à se dissoudre, ces caractéristiques étant susceptibles d’influer sur leurs effets. Ensuite, la dose toxique de chaque pigment testé a été déterminée sur les macrophages en culture. Enfin, les perturbations sur les fonctionnalités des macrophages et les mécanismes impliqués dans la toxicité éventuelle ont été évalués. L’ensemble des tests ont été effectués juste après contact avec les pigments et plusieurs jours après dans un but de s’assurer de la persistance des effets dans le temps. Les chercheurs ont ainsi pu conclure que les effets fonctionnels à court terme et retardés étaient plus ou moins importants d’un pigment (matériaux) à l’autre.


Conséquences possibles des pigments de tatouage.

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