Contre toute attente, les proto-étoiles sont turbulentes dès leur naissance ; et les disques protoplanétaires se forment à partir de matériel éjecté par la surface de l'étoile. Voici les deux résultats majeurs obtenus par une équipe du CEA-Irfu grâce à des simulations numériques très complexes tentant de reproduire ces phénomènes à partir des lois de la physique.
Ces résultats n'auraient pu être obtenus sans le recours à la simulation. En effet, même avec les télescopes les plus puissants comme le James Webb, il est très difficile d'observer la naissance des étoiles car la grande quantité de poussières et de gaz dans lesquels elles sont enfouies masque une majeure partie de leur lumière. Ces simulations sont néanmoins très chronophages : « réaliser une simulation qui décrit l'effondrement du nuage ainsi que la première année et demie des proto-étoiles nécessite trois mois de calcul », précisent Adnan Ali Ahmad, Matthias Gonzales et Patrick Hennebelle du CEA-Irfu.
Turbulences et vitesses de rupture
Ce long travail complexe a permis aux astrophysiciens de découvrir deux phénomènes.
Alors qu'il était admis que la turbulence dans les étoiles se déclenchait lorsque la fusion nucléaire démarrait dans leur région centrale, environ 100 000 ans après leur naissance, les simulations à très haute résolution montrent une instabilité à la surface de l'étoile dès sa naissance.
Simulations de la densité au centre du domaine de naissance de la proto-étoile, puis deux mois de claucl plus tard.
Les disques protoplanétaires entourant les jeunes étoiles se forment à partir de gaz éjectés par la surface de l'étoile qui tournent tellement vite à sa naissance qu'une partie de son gaz atteint la vitesse de rupture et ne peut plus être contenu.
« Ce résultat apporte un changement de paradigme car, jusqu'à présent, les disques étaient étudiés indépendamment de l'étoile en raison des contraintes de temps de calcul », expliquent les chercheurs qui sont d'ores et déjà en train de faire tourner de nouvelles simulations. Il s'agira notamment de prendre en compte le champ magnétique au sein du nuage pour pouvoir étudier son origine ainsi que son influence sur l'étoile et le disque.