La grotte Nerja, découverte près de Malaga en 1959, possède des peintures pariétales, dont l'une représente un bouquetin devenu son emblème. Son occupation par l'homme est étudiée à la fois par des archéologues et des spécialistes des méthodes de datation.
Alors que de longues périodes d'occupation du porche d'entrée de la grotte étaient déjà connues, une nouvelle étude à laquelle ont participé deux chercheuses du LSCE concerne, cette fois, la partie la plus profonde de la cavité. La fréquentation humaine y est attestée par des charbons de bois trouvés au sol, des tracés pariétaux réalisés au charbon de bois ou encore par de minces dépôts de suie produits par des feux et emprisonnés dans des stalagmites. Autant de traces que les scientifiques peuvent dater par la mesure du carbone 14 et analyser par différentes techniques (spectroscopie de rayons X à dispersion d'énergie notamment).
Les datations au 14C de 53 charbons de bois, dont la plupart a été réalisée au LSCE sur le spectromètre de masse par accélérateur Artemis, a permis d'identifier 12 phases de visites préhistoriques dans la grotte entre environ 39 000 et 1 350 avant J.-C., repoussant de 10 000 ans l'origine de l'occupation humaine de cette célèbre grotte.
Grâce à une étude interdisciplinaire des dépôts de suie, les chercheurs ont pu effectuer un « zoom » sur les trois dernières phases de visite identifiées auparavant (entre environ 6 000 et 1 050 avant J.-C). Ils mettent en évidence pas moins de 64 incursions humaines distinctes, avec une moyenne d'une visite tous les 35 ans pour la période néolithique (entre 6 000 et 2 200 avant J.-C).
Par ailleurs, toutes les zones de la grotte n'ont pas été utilisées aux mêmes périodes, certains secteurs des galeries inférieures de la grotte ayant fait notamment l'objet de visites répétées. Enfin, l'utilisation du bois de Pinus tp. sylvestris-nigra pour l'éclairage est attestée sur une longue période, entre 29 000 et 10 000 ans avant J.-C.
Cette étude a été dirigée par une chercheuse de l'Université de Cordoue (Espagne) et de l'Université de Bordeaux, avec la participation d'une chercheuse de l'Université du Québec à Chicoutimi (Canada) associée au LSCE.
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