​L'observatoire SVOM (Space-based Variable Objects Monitor) va scruter les « sursauts gamma » produits par l'explosion de certaines étoiles très massives ou la coalescence d'étoiles à neutrons. Ceux-ci se manifestent par des bouffées de rayons gamma – qui durent entre une fraction de seconde et quelques dizaines de secondes – et des contreparties à plus grandes longueurs d'onde (rayons X, visible et ondes radio) durant plusieurs heures. Ces signaux rémanents permettent en particulier d'estimer la distance de la source, souvent très lointaine, dans l'Univers jeune.

À bord, l'instrument français Eclairs observera en permanence un sixième du ciel en rayons gamma « mous » (de 4 à 150 keV) à travers un masque codé, monté au-dessus d'un plan détecteur composé de 6400 pixels en tellurure de cadmium. Les données recueillies seront traitées par le calculateur de bord à l'aide du logiciel de vol développé par le CEA-Irfu.

• Ce logiciel analysera en temps réel les données afin de localiser les sursauts gamma à mieux que 12 arcmin, soit dans une zone du ciel plus petite que le disque apparent de la Lune.
• Il commandera alors le repointage automatique du satellite sur cette position, de manière à observer la rémanence du sursaut, avec notamment le télescope français en rayons X MXT, dont le plan focal a été réalisé à l'Irfu.
• Il produira également une séquence de messages d'alerte que le satellite émettra vers le réseau d'antennes réceptrices français, déployé dans le monde entier.
• Ces alertes seront reçues et traitées au centre scientifique français (FSC) sous la responsabilité du CEA, pour alerter la communauté mondiale d'observatoires du ciel transitoire de l'apparition d'un événement intéressant.

L'un des logiciels de vol les plus complexes embarqués sur un instrument spatial français

Développé à l'Irfu par une équipe de 18 chercheurs, ingénieurs et techniciens pendant 6 ans, le logiciel de vol d'Eclairs est peut-être l'un des plus complexes jamais embarqués sur un instrument scientifique spatial français. Stéphane Schanne, physicien à l'Irfu, précise son fonctionnement.

• Le logiciel emploie deux algorithmes de traitement séparés, fonctionnant en parallèle, l'un dédié à la détection de sursauts de moins de 20 secondes, l'autre pour des sursauts au-delà de 20 secondes, jusqu'à des durées de 20 minutes, dans différentes bandes d'énergie et tranches temporelles.
• À partir du motif du masque codé et de l'image enregistrée par le plan détecteur durant la tranche temporelle sélectionnée, ces deux algorithmes reconstruisent l'image du ciel, dans laquelle est recherchée une nouvelle source, absente du catalogue de sources connues.
• De nombreux paramètres pourront être ajustés en fonction du comportement du détecteur d'Eclairs et du bruit de fond en vol afin d'optimiser l'efficacité du logiciel. Une mise à jour du logiciel en vol sera également possible.
  

Le logiciel a été testé à l'aide d'un banc de test conçu à l'Irfu, autour d'un modèle du calculateur de bord d'Eclairs et validé scientifiquement sur des données simulées en attendant les données de vol. Il a également été testé et utilisé au Cnes lors de campagnes d'étalonnage de l'instrument en enceinte à vide. Mi-mars 2023, l'instrument Eclairs a été livré à Shanghai, où une mise à jour avec la toute dernière version du logiciel de vol vient d'être effectuée début avril, avant l'intégration du satellite, les tests finaux et le lancement prévu pour la fin de l'année.