Selon Santé publique France, plus de 140 000 personnes sont victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC) en France chaque année. 30% des patients décèdent dans l’année suivante et près de 70 % déclarent avoir des séquelles. Le traitement consiste à restaurer au plus vite le flux sanguin dans l'artère occluse pour limiter les séquelles. Pour cela, les neuroradiologues retirent le caillot sanguin en introduisant une sonde dans l’artère (thrombectomie mécanique). En parallèle, un traitement permettant de dissoudre les caillots sanguins est administré par les médecins neurovasculaires en urgence. Toutefois, un patient sur deux traité par cette technique ne récupérera pas son autonomie. Une stratégie assurant une neuroprotection depuis la phase aiguë de l'accident vasculaire jusqu'à la recanalisation artérielle doit encore être développée pour préserver le tissu cérébral.
Une des pistes que suivent les scientifiques concerne le taux de glucose dans le sang, la glycémie. Une hyperglycémie à l'admission hospitalière du patient est associée à un mauvais pronostic fonctionnel, malgré le succès de la thrombectomie ultérieure. Des essais de contrôle de la glycémie n’ont pas permis d’améliorer le pronostic. Alors, qu’en est-il vraiment de la relation entre le taux de glycémie et ce pronostic ? Pour y voir plus clair, des chercheurs du CEA-Joliot, en partenariat avec des cliniciens neurovasculaires des CHU de Nice et Marseille, ont analysé le métabolome[1] de caillots retirés à des patients. Ils ont fait appel à l’intelligence artificielle (IA), en particulier le machine learning, pour essayer de faire émerger une signature métabolomique associée à un pronostic fonctionnel. Leurs résultats montrent que, contrairement, à ce qui est observé au moment de l’admission à l’hôpital, une hyperglycémie au moment de l’AVC est neuroprotectrice et diminue le risque de séquelles.
Grâce à cette observation originale, il a été possible d'illustrer l'effet bénéfique du glucose lors d'un AVC. Ce résultat devra être confirmé par des études cliniques plus larges mais laisse déjà entrevoir l'importance de cibler la neuroprotection en phase aiguë avant même la prise en charge hospitalière.
[1] Ensemble des petites molécules issues du métabolisme