Cette menace pourrait être enrayée grâce à la phagothérapie, un traitement basé sur la sélection de « phages » (virus infectant) les plus actifs sur une cible bactérienne donnée en vue de traiter l’infection. En relation avec le laboratoire des Technologies de la Microélectronique (LTM-UMR 5129 UGA/CNRS hébergée au CEA-Leti) et le CHUV (centre hospitalier universitaire vaudois) de Lausanne, une équipe du CEA-Grenoble – associant des chercheurs du CEA-Leti et de notre laboratoire – a expérimenté une solution d’imagerie sans lentille qui pourrait fortement réduire les délais pour tester la sensibilité de souches bactériennes isolées à des phages sélectionnés, étape cruciale en phagothérapie. Pour cela, les chercheurs ont mis en œuvre un dispositif d’imagerie sans lentille (basé sur un capteur d’environ 8 cm2 de surface et 4,3 μm de résolution) permettant de compter des plages de lyse, synonymes de l’activité du phage sur la bactérie. Le démonstrateur a permis de détecter l’activité de phages anti-Staphylococcus aureus en 3 heures et d’estimer le titre infectieux en 8 heures 20 minutes, soit des délais beaucoup plus courts que ceux obtenus par l’observation à l’œil nu (12 à 24 heures), technique la plus utilisée actuellement. Dans le futur, ce type d’approche pourrait être mis en œuvre dans des appareils afin d’aider les laboratoires dans leur identification de phages.
C’est l’ambition du projet
PhagEColi qui vient de débuter avec Pherecydes Pharma, société de biotechnologie spécialisée dans la phagothérapie de précision destinée à traiter les infections bactériennes résistantes aux antibiotiques et/ou aux infections compliquées à traiter.
Article paru dans le journal du CEA de mai 2022 n° 197.