Par Olivier Vidal
CNRS-INSU, Institut des Sciences de la Terre, Grenoble
Les accords de Paris (COP21) prévoient d’atteindre la neutralité carbone au niveau mondial en 2050. Pour ce faire, nous devons bâtir de nouvelles infrastructures de production, stockage, transport et utilisation d’énergie qui consomment de nombreuses matières premières « de base » et des substances plus rares. Ces matières premières demandent quant à elles des quantités importantes d’énergie pour être produites. Les enjeux matières premières-énergie sont donc indissociables et l’évolution vers les énergies bas-carbone doit se faire dans un contexte de forte croissante de la demande due à l’émergence économique rapide de pays en voie de développement, l’urbanisation croissante et le développement des nouvelles technologies. Si les tendances actuelles se poursuivent, nous devrons d’ici 2050 produire plus de métaux que nous n’en avons produits depuis le début de l’humanité. C’est dans ce contexte tendu que se posent les enjeux de l’approvisionnement en matières premières et en énergie, avec deux visions opposées : certains anticipent une pénurie dans le courant du siècle alors que d’autres affirment que l’évolution technologique et l’exploitation de ressources profondes ou en mer ainsi que le recyclage permettra de maintenir l’augmentation de production observée depuis un siècle (3-5%/an). La modélisation dynamique montre qu’il n’existe pas de solution unique, mais elle permet de mieux comprendre les couplages entre réserves-production primaire et recyclage-économie-énergie et de comparer les impacts des différents scénarios énergétiques mondiaux.
Invité par Isabelle Michaud-Soret et Giulia Veronesi du laboratoire IRIG/CBM