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Fait marquant | Résultat scientifique

Un défaut immunitaire inattendu révélé par la COVID-19 chez les patientes incontinentia pigmenti


L'incontinentia pigmenti est une maladie génétique rare liée au chromosome X. Un consortium international impliquant des chercheurs du CEA-Irig a montré que les patientes sont plus vulnérables aux infections virales, notamment au SARS-CoV-2. Ces informations précieuses permettront d’améliorer leur prise en charge clinique en cas d’infection.

Publié le 29 novembre 2024

L'incontinentia pigmenti (IP) se manifeste par une inflammation cutanée dès la naissance, accompagnée de complications pouvant affecter divers organes tout au long de la vie, notamment les yeux, les dents, les os et le cerveau. Cette pathologie est causée par une mutation du gène NEMO (Nuclear Factor Kappa B Essential Modulator), localisé sur le chromosome X. NEMO joue un rôle clé dans la régulation de la réponse immunitaire et la survie cellulaire. Chez les patientes, la mutation est présente à l'état hétérozygote, ce qui signifie qu'une seule copie du gène est altérée. En revanche, l'absence fonctionnelle de NEMO chez les fœtus mâles est létale.

En 2020, il a été démontré que 15 % des patients gravement atteints par la COVID-19 expriment des auto-anticorps dirigés contre les interférons-α, des cytokines essentielles à l'immunité antivirale. La production de ces auto-anticorps est souvent liée à des prédispositions génétiques. Un consortium clinique international a étudié une cohorte de 131 patientes atteintes d’incontinentia pigmenti et a découvert, de manière inattendue, que 36 % d’entre elles expriment des anticorps anti-interférons-α. Une sensibilité accrue à la COVID-19 a également été observée dans cette population pendant la pandémie.
Les chercheurs du CEA-Irig ont développé un modèle murin génétiquement modifié reproduisant les caractéristiques de la maladie. Ces souris présentent un thymus anormal, un organe essentiel à la régulation de l’auto-immunité. Cette anomalie a également été observée chez des patientes atteintes d’incontinentia pigmenti ainsi que chez un fœtus mâle décédé portant la mutation NEMO.

Cette étude a révélé une fragilité insoupçonnée des patientes incontinentia pigmenti vis-à-vis des infections virales, nécessitant une attention particulière en cas d’épidémie. Elle démontre aussi une nouvelle fonction de la voie NF-kB dans le développement et le fonctionnement du thymus.

 
Figure 
: Organes de souris âgées de 7,5 jours atteintes d'incontinentia pigmenti (IP). Les souris IP sont globalement plus petites que les souris contrôles, la réduction relative du poids et de la taille du thymus est encore plus prononcée, dépassant celle observée pour d'autres organes comme montré ici pour le cœur ou la rate.


​​Collaboration
L’étude a été coordonnée par un membre de l’AP-HP (Hôpital Necker) et implique un large consortium international ce qui a permis l’analyse d’une cohorte internationale.

Financement
La fondation Incontinentia pigmenti

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