Le cancer du placenta, ou choriocarcinome gestationnel, peut
malheureusement causer le décès de la mère, même plusieurs années après la grossesse. Les chercheurs de l’Irig étudient le comportement de la protéine NLRP7 impliquée dans des processus inflammatoires suspectés dans le développement de ce cancer. En 2021, ils avaient montré que la surexpression de NLRP7 dans les cellules cancéreuses du placenta contribuait à leurs métastases vers d’autres organes, comme le foie, le poumon ou le cerveau.
Poursuivant ces travaux, les chercheurs de l'Irig ont commencé par comparer les mécanismes de fonctionnement de la protéine NLRP7 dans une cellule normale du placenta et dans une cellule cancéreuse. La cellule normale a été collectée dans le placenta d’une femme enceinte, et la cellule tumorale récupérée chez une patiente décédée suite à un choriocarcinome.
Dans la cellule normale (Figure A), la protéine NLRP7 fonctionne en mode dépendant de sa machinerie inflammatoire dénommée, inflammasome, qui permet de produire des cytokines pro-inflammatoires, comme l’interleukine-1β (IL-1β).
Dans la cellule tumorale (Figure B), les chercheurs ont montré que la surexpression de NLRP7 bloque l'activation de la protéine NF-κB, acteur majeur des processus inflammatoires et qui permet dans une cellule normale de produire du précurseur de l’IL-1β, la pro-IL-1β.
Modèle sommaire illustrant le mécanisme par lequel NLRP7 contribue à la tumorigenèse du choriocarcinome. Credit CEA
Figure A, cellule placentaire non tumorale :
(1) NLRP7 est exprimée à des niveaux normaux et fonctionne de manière dépendante de l'inflammasome.
(2) NLRP7 active la voie NF-κB et induit sa translocation dans le noyau, ce qui induit la transcription de Pro-IL-1β qui se transforme en IL-1β.
(3) NLRP7 régule également l'expression de HLA-G et de PD-L1, contribuant ainsi à la tolérance du trophoblaste par le système immunitaire maternel (4). Tous ces événements contribuent au bon déroulement de la grossesse.
Figure B, cellule placentaire tumorale :
(1) NLRP7 est surexprimée et fonctionne de manière indépendante de l'inflammasome.
(2) Il inhibe la production d'IL-1β en diminuant l'activation de NF-kB.
(3) NLRP7 intervient également dans la surexpression des protéines HLA-G, PD-L1 et OCT3, NANOG et NOTCH.
(4) Ces événements augmentent la tolérance immunitaire maternelle des cellules tumorales, ce qui crée un environnement anti-inflammatoire favorable qui contribue à la croissance de la tumeur.
De plus, les chercheurs ont démontré que NLRP7 augmente la survie et le camouflage des cellules tumorales. En effet, ils ont injecté des cellules tumorales du choriocarcinome exprimant ou non le gène Nlrp7 dans la queue d’une souris. Les résultats ont montré que les cellules surexprimant Nlrp7 étaient moins exposées au système de défense immunitaire de la souris, et que les souris injectées par ces cellules développaient des tumeurs plus grosses et présentaient plus de métastases. L’analyse des tumeurs et de leurs environnements a confirmé la diminution des voies d’activation du système immunitaire de l’hôte.
Ces études ont permis de démontrer que la protéine NLRP7 contribue à la croissance et à la tumorigenèse du cancer du placenta. La protéine NLRP7 contribue à l’élaboration par la cellule tumorale d’un masque entravant l’élimination de la tumeur par le système immunitaire maternel.
Ces résultats ciblant la protéine NLRP7 ouvrent la voie à de nouvelles thérapies qui seront proposées en particulier aux femmes qui développent des résistances aux traitements conventionnels.